Après des démonstrations assidues de vassalité auprès de Washington et de Tel Aviv, Fabius va s’essayer à un exercice inédit: ramper à Téhéran ce 29 juillet… en pleine Semaine de Soutien aux Hémophiles. Les hasards des calendriers… 

L’Iran, contrairement à la France, n’étant pas sous Occupation ni sous tutelle de Big Brother (qu’il s’agisse du gouvernement, des médias ou du peuple), personne au sein de la République Islamique n’a oublié le sang contaminé du sieur Fabius (300 victimes iraniennes, pour 4000 françaises), ni sa servilité pro-israélienne durant les négociations sur le dossier nucléaire, ni son soutien ouvert au terrorisme en Syrie contre le digne Président Bachar al-Assad au sujet duquel il a osé déclaré qu’il « ne mérite pas d’être sur la terre » les annales internationales de la diplomatie n’avaient jamais rien vu de tel. Et les médias et réseaux sociaux iraniens en parlent abondamment, indignés de la venue d’un ennemi déclaré.


M. Hollande, craignant un mauvais accueil pour son ministre, a de nouveau joué les fiers-à-bras, en osant parler de cette visite comme d’un test pour l’Iran: peut-on croire que quiconque à Téhéran en soit préoccupé ? Comme le faisait remarquer le Président syrien, la voix de la France est aujourd’hui plus insignifiante que jamais, et personne, pas même son propre peuple, ne s’en soucie. Si l’Imam Khomeini pouvait, en 1988, s’adresser à l’URSS comme à un vestige du passé et tourner ostensiblement le dos à l’émissaire de l’Union Soviétique, devant les caméras, que dire de la manière dont l’Iran d’aujourd’hui, incarnation de la Résistance triomphante, peut considérer la Servitude Volontaire personnifiée, qui s’est reléguée aux oubliettes de la marche de l’Histoire par des choix stratégiques aussi condamnables que mal avisés ? On imaginerait difficilement un plus grand contraste que celui qui existe entre ces deux Nations : la dignité à ses plus hauts sommets, et la vilénie dans ses tréfonds les plus obscurs.

Il y a fort à parier que ce n’est pas avec superbe que M. Fabius, dont la place serait bien plutôt à la Cour Pénale Internationale pour apologie et soutien du terrorisme, s’adressera aux officiels iraniens qui ont daigné le recevoir. Mais toutes les démonstrations de servilité et d’obséquiosité ne changeront rien, et les entreprises françaises qui souhaitaient s’installer en Iran peuvent d’ores et déjà remercier le collaborationnisme forcené de leurs élus et leur vocation de carpettes, qui les amène à bafouer sans cesse les intérêts nationaux. Il y a eu une délégation politico-économique française à La Havane (au cours de laquelle Fidel Castro a condescendu, au dernier moment, à rencontrer l’ectoplasme Hollande), mais il n’y en aura pas d’aussi significative à Téhéran ! 

Grande nation iranienne, nous pouvons t’être reconnaissants d’accueillir ce criminel comme il se doit, et de nous permettre, pour un instant, de respirer autre chose qu’un air contaminé de vaine jactance, d’ignorance et de bassesse! 

L’article du Middle East Monitor traduit ci-dessous ne comprenait pas les illustrations qui l’accompagnent ici, auxquelles il faisait simplement référence : le « pays de Voltaire » et des millions de Charlie saurait-il les apprécier ? On peut les consulter ici, avec bien d’autres, et apprécier la verve créatrice des iraniens, qui avaient déjà organisé un concours de caricatures de l’Holocauste en guise de protestation contre les caricatures du Prophète, et plus récemment, un concours de caricatures de Daech.

Sayed Hasan

La visite de Fabius fait bouillir le sang de l’Iran

Résumé : Le ministre des Affaires étrangères français se rend compte qu’un accord avec l’Iran n’est pas un sparadrap suffisant pour réparer les dégâts qu’un précédent scandale a causé pour sa réputation dans le pays.


Auteur : Arash Karami

Publié le 23 juillet 2015

Après un accord historique sur le nucléaire entre l’Iran et cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne qui permettrait de réduire le programme nucléaire de l’Iran contre un allégement des sanctions, le commerce entre l’Iran et l’Europe devrait reprendre. Le ministre de l’économie de l’Allemagne, Sigmar Gabriel, s’est déjà rendu à Téhéran, et le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius a annoncé qu’il s’y rendrait la semaine prochaine. Malgré la déclaration de Fabius selon laquelle le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif l’aurait invité, certaines personnes en Iran ont accueilli l’annonce du voyage de Fabius avec des réactions véhémentes.


« La semaine prochaine, quand Fabius se rendra à Téhéran, il se trouve que ce sera aussi la Semaine de Solidarité avec les Hémophiles, et cela en souvenir de la perte de nos compatriotes à cause du sang contaminéqui a été importé vers notre pays. Et le principal responsable de tout cela est Fabius », a déclaré l’analyste iranien Mojtaba Zolnour à Fars News le 23 juillet.

Zolnour fait référence à un événement qui s’est produit dans les années 1980 et que de nombreux médias occidentaux ignorent. En 1999, l’ancien Premier ministre Fabius et un ex-ministre ont été acquittés d’homicide involontaire pour avoir retardé le contrôle du sang destiné à traiter les patients atteints d’hémophilie. Le ministre de la Santé Edmond Hervé a été reconnu coupable mais n’a jamais été condamné. Bien qu’un procédé de dépistage sanguin conçu par une société américaine ait été disponible à l’époque, le gouvernement français a été accusé d’attendre un concurrent français pour effectuer les tests. L’affaire a éclaté en 1991 lorsque la médecin et journaliste française Anne-Marie Casteret a accusé les trois ministres d’avoir sciemment distribué du sang contaminé par le VIH en 1984 et 1985.

Selon le ministère de la Santé de l’Iran, environ 300 Iraniensont été infectés par le sang contaminé. Malgré l’acquittement, qui a provoqué la colère de nombre des 4 000 victimes françaises, certains Iraniens ont pas oublié l’affaire.

Zolnour a ajouté que le sang a été livré à l’Iran à un moment où les Français soutenaient Saddam Hussein dans la guerre Iran-Irak. Cependant, Zolnour a ajouté qu’il n’était pas opposé au voyage de Fabius, en déclarant : « Les fonctionnaires doivent être conscients qu’un ennemi va entrer dans le pays et que l’intérêt, la dignité et la force du pays doivent être protégés. Nous ne devons pas nous enthousiasmer de voir un responsable occidental. »

     


Jahan News, évoquant la ligne dure française présumée durant les négociations nucléaires, a souligné que « Laurent Fabius est un nom familier pour les Iraniens. Cette familiarité n’est pas seulement liée aux négociations des deux dernières années et au fait qu’il n’a pas cessé de mettre des bâtons dans les roues [des négociations] et de servir les [monarchies] Arabes et les sionistes dans ces pourparlers, mais cette familiarité remonte à son temps en tant que Premier ministre. » Jahan News rappela alors le rôle de Fabius dans le scandale du sang contaminé.


Jahan News rapporte que la première occurrence d’un malade du Sida en Iran eut lieu après que le sang contaminé ait été donné à l’Iran. L’article a également déploré le fait que Fabius fasse ce voyage malgré le fait qu’il n’a jamais présenté d’excuses pour le scandale, en notant que la France n’a pas indemnisé l’Iran. Selon Fars News, l’Iran est le seul pays qui n’a pas reçu de compensation de la France. Ali Saberi, un avocat des victimes, a déclaré à Mehr News que le gouvernement iranien n’a jamais déposé plainte.

             


Les réseaux sociaux iraniens étaient moins indulgents. Beaucoup ont partagé une image en noir et blanc de Fabius avec une cravate tachée de sang et une étiquette « WANTED » juste au-dessus de son nom. D’autres ont partagé une photo d’un Fabius souriant avec les mains tachées de sang


Arash Karami



Éditeur d’Iran Pulse

Arash Karami couvre les médias iraniens pour Al-Monitor. Sur Twitter : thekarami

Voir également :

Nucléaire iranien : la République Islamique persiste et signe

Accord sur le nucléaire iranien : le triomphe de la Répubique Islamique