Bien sûr, la question sécuritaire restera présente : l’Irak a besoin de vigilance sécuritaire, de même que la Syrie et le Liban, même si au Liban, Dieu merci, grâce à la coopération sécuritaire, grâce aux efforts des services de sécurité officiels –et il faut souligner leur mérite à cet égard–, nous pouvons dire qu’en ce qui concerne Daech, il semble qu’il n’ait plus de cellules au Liban. Les dernières arrestations ont confirmé qu’il n’y avait pas d’infrastructure, de cellules ou de groupes (terroristes). Il n’y a que ce qu’ils appellent des loups solitaires, des individus qui cherchent à commettre des attentats et à se procurer des armes, des explosifs ou des couteaux, pour s’attaquer à l’armée libanaise ou à des endroits particuliers. Bien sûr, c’est là un grand recul pour la capacité sécuritaire de Daech au Liban –je ne parle pas ici du Front al-Nosra.
Mais en ce qui concerne (les membres de) Daech, le pire, et je tiens à le dire entre parenthèses, est qu’ils sont déplacés. Au lieu d’être arrêtés pour être jugés –nous ne disons pas qu’il faut tous les tuer, mais au moins, arrêtez-les et jugez-les–, les Etats-Unis, qui ont créé Guantanamo après l’Afghanistan, que font-ils maintenant ? Ils déplacent Daech ô mes frères, ils déplacent Daech d’un lieu à un autre, d’un endroit à un autre, avec des hélicoptères américains. Et on peut voir tout cela sur des vidéos. Aujourd’hui, notre région, nos peuples, nos armées, nos forces de sécurité, notre volonté politique ont vaincu Daech dans la région. Mais où est déplacé Daech aujourd’hui ? En Afghanistan, au Pakistan, en Afrique du Nord, en Algérie, en Libye, en Tunisie, en Egypte, au Yémen… Et cela confirme le premier point que j’évoquais il y a quelques instants (les Etats-Unis sont le principal ennemi des peuples).
Quoi qu’il en soit, cette année –car l’an passé, nous parlions de Daech, et nous avons mené la bataille contre Daech (au Liban)–, on peut dire que cette année, avec la Grâce de Dieu, ce projet et ce dossier seront (définitivement) réglés au niveau de notre région.
Premièrement, en ce qui concerne Idlib, l’accord qui a été conclu pour régler provisoirement la situation là-bas, à la lumière des discussions qui ont eu lieu, que ce soit au sommet de Téhéran ou au sommet qui s’est tenu il y a deux jours en Russie (entre Poutine et Erdogan), ce résultat est une chose positive et raisonnable, à condition qu’il porte ses fruits. Nous verrons quelles avancées il permettra (nous jugerons sur pièces).
Depuis que le sommet entre les Présidents russe et turc s’est tenu, on nous demande quelle est la position du Hezbollah. Premièrement, notre position est liée à celle du gouvernement syrien. Ce sont les dirigeants syriens qui déclarent que telle ou telle chose est bonne et positive, ce sont eux qui acceptent ou refusent. Ce n’est pas à nous d’accepter, de refuser ou même de décrire. Mais en considérant la situation de manière objective, et à la lumière d’une lecture objective de ce qui se passe actuellement, nous considérons que ce résultat est positif et raisonnable, mais à condition de porter ses fruits.
La deuxième chose concernant la Syrie est la question de l’Est de l’Euphrate contrôlé par les unités kurdes, et c’est lié avant tout à la décision américaine. Chaque jour, les Etats-Unis disent une chose différente. Il y a quelque temps, Trump a déclaré qu’ils allaient se retirer de Syrie après la fin de Daech, sous quelques mois. Puis il y a un mois, ils ont dit qu’ils resteraient en Syrie aussi longtemps que les Iraniens y resteraient. Hier, Trump a déclaré qu’ils reconsidèreraient les choses et sortiraient prochainement (de Syrie), après la fin de Daech. Ce n’est pas seulement qu’ils nous ont perdus, ils sont peut-être eux-mêmes perdus, ô mes frères. Peut-être qu’ils sont eux-mêmes perdus (et ne savent pas quoi faire).
Troisième point concernant le dossier syrien : sur la base de l’accord concernant Idlib, si les choses suivent leur cours prévu et sont appliquées comme il se doit, on peut considérer que la Syrie se dirige vers une grande accalmie. Concrètement, il ne reste plus de véritable front de combat en Syrie. Oui, il faut rester vigilant face à la présence de Daech et face à certains intermédiaires, car il ne faut pas faire confiance à ceux qui ont comploté par le passé. Et la question est de nouveau posée avec force au sujet de la présence du Hezbollah en Syrie. Je réponds rapidement que nous y resterons, même après l’accord et l’accalmie à Idlib. Notre maintien en Syrie est lié aux besoins et au consentement des dirigeants syriens. J’ai affirmé par le passé que personne ne pourrait nous faire sortir de Syrie, mais nous ne prétendons pas imposer notre présence à l’Etat syrien. Tant que le gouvernement syrien nous dira qu’il a besoin de nous et souhaite notre présence, nous resterons. Certes, l’accalmie sur les fronts et le recul des menaces vont naturellement influencer les effectifs présents. Le fait que nos effectifs augmentent ou diminuent dépend des responsabilités, des défis et des menaces présents. Mais quant à notre maintien lui-même, nous resterons présents en Syrie jusqu’à nouvel ordre. Je le déclare pour faire taire toutes les spéculations (sur notre départ).
Le point suivant concernant la Syrie est les agressions israéliennes continues contre la Syrie –la dernière ayant eu lieu il y a quelques jours à Lattaquié–, et ce sous divers prétextes. Et je vous déclare avec la franchise qui me caractérise qu’il y a des prétextes mensongers. Lorsque Israël prétend par exemple qu’à Lattaquié, il a frappé telle base, tel endroit, tel centre de recherche, etc., pour détruire des armes qui allaient être livrées au Hezbollah, c’est un mensonge. Ce n’est pas vrai. Dans certains endroits, il s’agit (effectivement) de transfert d’armes, et ils savent de quoi ils parlent. Mais un grand nombre d’agressions israéliennes n’ont absolument rien à voir avec cette question.
Je vais vous dire de quoi il s’agit. C’est dû au fait qu’Israël a maintenant la certitude que le projet américano-israélo-saoudien en Syrie a échoué, qu’il est sans retour possible : c’est bel et bien terminé. Il y a quelques semaines, [Avigdor] Liberman évoquait le fait que l’armée syrienne avait retrouvé toute sa force et toute sa santé, et qu’elle allait devenir l’une des armées les plus puissantes de la région. A présent, Israël n’a plus personne pour le défendre, ni les groupes armés à Quneitra et à Deraa, ni personne dans la région. Et face au redressement et à la reconstruction de la Syrie, et à la restauration de l’armée syrienne dans toutes ses capacités, Israël, comme ils le déclarent eux-mêmes via leurs responsables, a besoin de se défendre tout seul, par lui-même. Et c’est pourquoi Israël (s’efforcera) d’empêcher qu’une forte armée syrienne se dresse. Israël (s’efforce) d’empêcher qu’une force militaire syrienne véritable se dresse, et sait bien que l’équilibre stratégique avec la Syrie, depuis le temps du Président défunt Hafez al-Assad, et jusqu’au temps du Président Bachar al-Assad, n’est pas (établi) via la force aérienne, ni via les armes aériennes, mais via ce que la Syrie possède ou peut acquérir en fait de puissance balistique. Israël œuvre à empêcher la Syrie de posséder une puissance balistique.
Il n’est pas vrai de dire que ce qui est bombardé en Syrie est ce qui est destiné à être transféré au Hezbollah au Liban. Israël sait que si l’armée syrienne et la Syrie acquièrent une puissance balistique (véritable) en quantité et en qualité, cela instaurera un équilibre de dissuasion et mettra fin aux agressions continues d’Israël. Certes, il peut également y avoir un aspect psychologique, de l’ordre de la vengeance. Mais la véritable vision d’Israël est celle-ci. L’Iran est un prétexte. Le Hezbollah est un prétexte. Mais la véritable cible est la Syrie.
Et c’est pourquoi je tiens à déclarer à ce sujet que l’Axe de la Résistance veillera tout particulièrement, après tout ce qui s’est passé, à (élaborer une réponse adéquate) –je ne vais pas formuler de menace précise aujourd’hui, cela viendra en temps voulu– mais je considère que la perpétuation de cette situation est intenable et insupportable, et nous devons lui trouver une issue, tous autant que nous sommes. Et permettez-moi de souligner tout particulièrement la responsabilité du Liban dans cette question. Les avions israéliens bombardent la Syrie, l’aéroport de Damas et les villes syriennes depuis l’espace aérien libanais. Le Liban officiel émet parfois des communiqués dénonçant (ces violations de sa souveraineté). Où est donc la plainte auprès du Conseil de sécurité ? Il faut une plainte, même si elle ne doit mener à rien. Mais formulez une plainte officielle, ne serait-ce que pour enregistrer une agression israélienne contre le Liban. Mais la question demande plus que cela. La question demande plus que (de simples plaintes). Il faut également élaborer une solution permettant de mettre fin à ces violations quotidiennes de l’espace aérien libanais, que ce soit pour agresser le Liban ou la Syrie. Mettez 3 points d’interrogation et quelques points d’exclamation (à cette question qui demande une réponse urgente). En toute vérité, cela a besoin d’être pensé et étudié, et demande une prise de position ferme.
Je conclus sur la question syrienne avec le problème des réfugiés. En ce qui concerne les réfugiés, après l’expérience menée par le Hezbollah (accompagnant le retour de réfugiés du Liban vers la Syrie) et dans laquelle la Sûreté Générale libanaise lui a emboîté le pas, je tiens à vous déclarer que oui, chaque jour, il est prouvé qu’il y a des pays (occidentaux) qui encouragent les réfugiés syriens à ne pas retourner en Syrie. (Ils les encouragent) à ne pas y retourner, et leur font peur (pour les maintenir hors de Syrie). Et il y a également des pays régionaux qui les encouragent à ne pas rentrer et leur font peur (quant à leur sécurité s’ils retournaient en Syrie). Et c’est pourquoi nous devons redoubler d’efforts (pour rapatrier tous les réfugiés syriens chez eux). Même si le nombre de Syriens (réfugiés au Liban) qui sont rentrés jusqu’à présent s’élève à plusieurs milliers, cela reste peu par rapport au nombre de réfugiés syriens présents au Liban.
Mais indépendamment des résultats, cette question demande de la persévérance et davantage d’efforts. Nous n’avons pas le droit de laisser (ces obstacles dressés sur notre chemin) constituer des appels à arrêter ou a désespérer. Nous poursuivrons notre action sur cette voie aux côtés de la Sûreté Générale libanaise et du gouvernement syrien. […]