Conférence de presse à Moscou, 29 mars 2018
Transcription : 
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Sur la situation en Syrie
L’opération antiterroriste dans la Ghouta orientale touche à sa fin. Désormais, les groupes armés contrôlent seulement la ville de Douma qu’une partie considérable de la population civile a réussi à quitter via un corridor humanitaire. Avec le soutien des militaires russes se déroulent des négociations portant sur le transfert pacifique du contrôle de la ville aux forces du gouvernement syrien.
Malheureusement, ces pourparlers ont été interrompus à plusieurs reprises à cause de la frange radicale des combattants qui se prononcent pour la reprise des hostilités et justifient leur position en disant qu’une aide devrait bientôt arriver. Telles sont les conséquences réelles de l’hystérie que l’Occident a créée autour de la Ghouta orientale. Les accusations infondées ou montées de toutes pièces portant sur l’utilisation non-sélective de la force par le Gouvernement syrien et la Russie ou sur le massacre des civils, ainsi que d’autres mensonges et l’inquiétude simulée pour le sort des civils, créent en réalité des obstacles sur la voie de l’élaboration de décisions diplomatiques et du sauvetage des vies humaines.
Rappelons que les militaires russes ont participé à l’évacuation de plus de 128 000 personnes depuis la zone de l’opération antiterroriste dans la Ghouta orientale. Qui plus est, on a proposé aux combattants et à leurs familles de partir sur le territoire non-contrôlé par les autorités légitimes syriennes dans la zone de désescalade dans la province d’Idleb.  
Les représentants de l’Onu ont observé cet exode massif sans enregistrer aucune violation du droit humanitaire international. Les citoyens syriens qui ont quitté leur maison ont été placés dans des centres d’hébergement, ont reçu de la nourriture et des produits de première nécessité. A ces fins, les militaires russes ont transmis aux civils 427 tonnes d’aide humanitaire – aliments, eau, effets de couchage -, assurant un accès humanitaire réel à la population sinistrée comme le stipule la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l’Onu.
Le retrait de la population civile et l’évacuation des combattants ont été effectués de manière absolument transparente, sous les yeux du monde entier. Le site du Ministère russe de la Défense retransmet en direct les images des caméras installées dans la Ghouta orientale. Elles permettent d’observer en direct le déplacement des colonnes de combattants vers la province d’Idleb. Les images des caméras installées près du poste de contrôle de Mouhayam al-Wafedine et d’Arbin sont également retransmises.
Nous espérons que les organisations onusiennes qui ont fait preuve d’un enthousiasme démesuré lorsqu’il s’agissait d’aider les civils de la Ghouta orientale quand cette zone était contrôlée par les bandits et les terroristes, montreront le même zèle dans le soutien humanitaire à la population sinistrée de cette banlieue de la capitale syrienne suite à sa libération.        
On constate chaque jour de nouveaux faits et témoignages présentant la vie terrible dans la Ghouta orientale sous le contrôle des djihadistes: règlements de comptes sanglants entre les bandits, violence envers les civils, vol de l’aide humanitaire, spéculation sur les médicaments. Tout comme à Alep, on a découvert dans la Ghouta orientale des dépôts cachés d’aliments et de médicaments dans les tunnels des combattants. Ces tunnels ont été creusés grâce au travail forcé des prisonniers sympathisant avec le Gouvernement syrien. 
La situation actuelle en Syrie exige absolument des efforts internationaux concertés visant à promouvoir la paix, notamment en ce qui concerne l’aide humanitaire.
Nous appelons encore une fois la communauté internationale à remplir son devoir et à octroyer une aide efficace à la population syrienne sinistrée.
Nous sommes toujours préoccupés par les informations indiquant que les États-Unis et leurs alliés renforcent leur présence militaire illégale sur le territoire de la Syrie souveraine. Ainsi, des véhicules lourds sont envoyés dans la zone arbitrairement occupée par les Américains près de la localité d’Al-Tanf dans le sud-est du pays. L’autoroute Damas-Bagdad reste toujours bloquée.
La Russie fait tout son possible pour obtenir le plus rapidement possible un règlement politique en Syrie sur la base du droit international reconnu. Aujourd’hui, le 29 mars, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’entretiendra avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour la Syrie Staffan de Mistura. Ils évoqueront tout l’éventail des questions relatives au rétablissement de la paix et de la stabilité en Syrie, y compris le lancement des travaux du Comité constitutionnel à Genève conformément aux décisions du Congrès du dialogue national syrien qui s’est déroulé le 30 janvier dernier à Sotchi.   
 
Sur les propositions russes, restées sans réponse, concernant la coopération dans l’enquête sur l’affaire Skripal

La Russie a plusieurs fois transmis aux autorités britanniques, via les canaux officiels, ses propositions concernant la coopération dans l’enquête sur l’empoisonnement prétendu de ressortissants russes, ainsi que ses demandes de présenter des informations sur leur état et évidemment sur les circonstances de l’incident. Les notes appropriées ont été envoyées par l’Ambassade russe à Londres les 6, 13, 14 et 22 mars.


Malheureusement, les Britanniques préfèrent ignorer les demandes légitimes de la Russie et ses propositions de coopérer, ou envoient des réponses peu correctes. Je ne parle même pas d’erreurs factuelles ou de fautes d’orthographe. On a l’impression que ces messages ont été écrits par des enfants en bas âge. Il s’agit d’un griffonnage difficile à déchiffrer, sans parler du sens. Ainsi, le message adressé à l’Ambassadeur russe à Londres Alexandre Iakovenko, qui aurait dû contenir des informations sur l’état des Skripal, parle de l’état de l’Ambassadeur-même. Encore une fois, il ne s’agit pas d’une erreur factuelle mais d’une volonté préméditée d’ajouter de l’absurdité à la situation – ou d’un analphabétisme total des Britanniques.     

Qui plus est, nous constatons que des obstacles sont dressés pour empêcher l’accès des représentants de la Russie aux citoyens russes. Ainsi, le Royaume-Uni viole ouvertement et sans ambages les normes du droit international, notamment la Convention consulaire de 1968 entre l’URSS et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Je voudrais rappeler que l’article 36 de ce texte contient les clauses suivantes: a) “Un fonctionnaire consulaire a le droit, dans le cadre de sa circonscription consulaire, de rencontrer tout citoyen de l’État qu’il représente, de lui donner des conseils et tout le soutien approprié, y compris une aide juridique si nécessaire”; b) “L’État de séjour ne peut limiter en aucune façon les contacts entre un citoyen de l’État représenté et le consulat, ainsi que son accès au consulat”. Ce texte a été écrit en 1968 – ce dont témoigne son style. Je voudrais souligner encore une fois que personne n’a annulé ce document. Nous constatons donc que la Grande-Bretagne fait preuve – à plusieurs reprises – de nihilisme juridique.

Fait suspect: des empoisonnements et des morts mystérieux ont régulièrement lieu sur le territoire de cet État concret, dont les autorités accusent traditionnellement des forces extérieures, déploient une propagande active et classent les enquêtes. D’un côté, on ne présente pas au grand public les conclusions et les résultats des enquêtes et des tribunaux, mais ceux des décisions politiques. De l’autre, on ne montre à l’opinion publique aucune preuve réelle, mais des articles ou des images publiés récemment par les médias. La Grande-Bretagne a donc un bagage lourd de meurtres non-élucidés de ressortissants russes et de citoyens britanniques. 
   
Pas besoin d’aller loin pour trouver un exemple. Souvenez-vous de la mort mystérieuse du scientifique David Kelly, qui avait révélé le mensonge de Londres concernant la présence prétendue d’armes chimiques en Irak.

Nous rédigerons et publierons prochainement, sur les pages de l’Ambassade russe au Royaume-Uni, la liste de nos questions aux Britanniques. Elles ont été transmises via les canaux officiels et ont été plus d’une fois formulées par l’Ambassadeur russe à Londres Alexandre Iakovenko. Londres accuse sans cesse la Russie de ne présenter aucune information et de ne pas prouver son innocence. Je voudrais rappeler que dès que nous avons appris l’existence de l’affaire Skripal dans les médias et consulté les faits – je ne peux même pas dire qu’il s’agit de faits – publiés par les médias, nous avons immédiatement tenté d’établir un contact avec les Britanniques. Ils ont pourtant sciemment évité tout contact avec l’Ambassade russe. Nos messages vocaux ou écrits, ainsi que les appels téléphoniques de l’Ambassade russe à Londres n’ont pas permis d’obtenir ne serait-ce que des données de base sur ces événements.       

Nous avons été obligés d’apprendre dans les médias la date et l’heure de l’incident, le nombre de personnes impliquées, le dommage qu’elles avaient subi et leur état actuel.

Nous avons évidemment constaté et observons toujours la “performance” incessante des politiciens britanniques, qui vise des objectifs politiques et est destinée à l’establishment politique intérieur. Comment peut-on obtenir les informations nécessaires si le Ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, le Ministre de la Défense Gavin Williamson et la Première Ministre Theresa May ne parlent pas aux représentants russes mais se limitent à des slogans politiques prononcés devant le parlement de leur pays?  

Sur les insinuations autour de l’incident de Salisbury

Comme je l’ai dit, les médias ont publié les fameuses informations qui ont été présentées pendant un briefing à huis clos (close aux représentants russes) à l’Ambassade du Royaume-Uni à Moscou. Je voudrais le souligner de nouveau: c’est une preuve de plus que le Royaume-Uni exclut intentionnellement la Russie de la liste des États auxquels on fournit la moindre information.

Les représentants russes n’ont été ni invités ni admis au briefing à l’Ambassade du Royaume-Uni à Moscou.

Dans les “accusations” reposant à la base de cette présentation, on reprend les mêmes accusations visant la Russie, qui sont exprimées de manière générale et ne sont appuyées par aucune preuve réelle. Mais le plus intéressant est que la liste de reproches envers la Russie formulée par nos collègues britanniques grandit de manière exponentielle. Je voudrais vous montrer des diapositives.

Le 14 mars, dans une vidéo propagandiste du Foreign Office, notre pays a été accusé au total de 8 faits d'”agression étatique russe”. Je répète à nouveau que c’est la présentation qui a été publiée par le Ministère britannique des Affaires étrangères le 14 mars. Il y a 8 points sur lesquels le Royaume-Uni formule des reproches vis-à-vis de la Russie. Mais déjà 12 faits étaient exposés dans les informations présentées pendant la conférence de presse à huis clos à Moscou. Seulement 10 jours plus tard. Ça ne colle pas. De quoi peut-on parler? Sur quoi tabler, partir de quoi? Nous n’analysons même pas l’absurdité des accusations: il est question de la qualité des informations fournies. Visiblement, de nouvelles accusations visant la Russie sont apparues dans la perspective historique après des consultations avec le “grand frère”.

Les formulations des accusations ont également changé concernant, par exemple, la prétendue “agression” russe contre la Géorgie en août 2008. Ainsi, le 14 mars, la Russie a été accusée d’irrespect de l’intégrité territoriale de la Géorgie, et les fameuses images présentées récemment indiquent que cette fois nous sommes accusés d’avoir envahi le territoire géorgien.

Entre autres, l’inclusion de l’attaque du Bundestag en 2015 à la liste grandissante des reproches britanniques est particulièrement consternante. Chers collègues, nous voudrions vous rappeler que nous avons attaqué le Bundestag une seule fois: en 1945 pour libérer Berlin de la peste nazie. A l’époque, il s’appelait encore Reichstag.

Quant à “l’affaire Lisa” mentionnée et la prétendue campagne de désinformation contre l’Allemagne, nous voudrions souligner que cette question a été réglée précisément au format bilatéral entre Moscou et Berlin. Ce thème était activement évoqué pendant les entretiens entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Ils l’ont abordé publiquement et officiellement. Contrairement à ce que montre le Royaume-Uni, après l’apparition de cette information l’Allemagne a ouvert une véritable enquête sur cette affaire. Je voudrais rappeler à ceux qui ont fait du “clipping” à partir de cette histoire que les représentants officiels des ministères des Affaires étrangères de la Russie et de l’Allemagne ont fait des déclarations appropriées quand l’enquête sur cette “affaire Lisa” s’est terminée, que le procès a eu lieu et que l’accusé a été condamné. L’affaire s’est arrêtée là.

Alors pourquoi faites-vous maintenant de la désinformation classique? Je rappelle à ceux qui l’ont oublié qu’il y a eu une décision du tribunal allemand condamnant l’individu poursuivi pour des inculpations qui ont été confirmées: il a effectivement commis des crimes qui ont fait l’objet d’une enquête rigoureuse des forces de l’ordre allemandes.

En fait, nous sommes surpris que ces informations soient présentées comme des preuves “très tangibles” de la responsabilité de la Russie dans l’incident de Salisbury. Des dessins énumèrent les “péchés” de la Russie – c’est évidemment un “nouveau pas” dans l’argumentaire et la construction de la base de preuves.

Quand nous avons attiré l’attention sur la publication de ces informations dans les médias, le Ministère britannique des Affaires étrangères nous a remerciés sur Twitter. Vous vous imaginez? Personne n’a répondu à nos quatre notes diplomatiques. Personne ne nous a informés de l’état des citoyens russes. Nous n’avons reçu aucune information. Sachant que ce comportement est motivé par le fait qu’ils ne jugent pas utile de communiquer avec la Russie. Mais ils nous ont remerciés sur Twitter. C’est du très grand cynisme!

Merci? De rien. A notre tour, nous remercions le Ministère britannique des Affaires étrangères d’avoir distribué ces informations à l’ambassade britannique pendant un briefing à huis clos pour des ambassadeurs accrédités à Moscou. Personnellement, j’en doutais. Mais vous l’avez fait. Vous avez reconnu que c’était la fameuse base de preuves dont parlait l’Ambassadeur des USA à Moscou Jon Huntsman. Je doute que vous l’ayez fait consciemment, comme tout ce que vous faites, les lapsus que vous commettez. Je pense que vous nous avez remerciés et avez reconnu que c’étaient ces images, de votre point de vue, qui constituaient une “preuve tangible” simplement par erreur. Mais vous l’avez fait. Et cela restera à jamais dans votre histoire.

Maintenant que le monde entier a vu ces “preuves tangibles”, la diffusion d’informations a commencé à travers la machine propagandiste, des sources anonymes, des experts, et des faux comptes sur les réseaux sociaux selon lesquelles les accusations principales et cette fois irréfutables auraient prétendument été annoncées par l’Ambassadeur du Royaume-Uni en Russie pendant sa conférence de presse.

J’ai peur d’imaginer quelles sont ces preuves irréfutables de la culpabilité de la Russie si nos collègues britanniques ont peur de les annoncer en présence d’un représentant du Ministère russe des Affaires étrangères qui n’a été ni admis ni invité à cette conférence de presse. Bien évidemment, ce à quoi nous assistons aujourd’hui est un fake total et absolu de niveau mondial.

Je voudrais dire que la machine propagandiste travaille déjà à plein régime. Hier déjà, sur les radios financées avec l’argent des contribuables américains, les experts de centres analytiques, également financés avec l’argent des contribuables américains, ont commencé à prouver tous en cœur qu’évidemment il est inutile d’évaluer directement ou sérieusement ces preuves parce que tout est déjà clair.

L’un des experts (je répète, non pas des médias russes mais américains, qui sont entretenus avec l’argent américain) s’est demandé: pourquoi faut-il des preuves puisqu’un tel nombre de pays a déjà soutenu le Royaume-Uni? Et d’ajouter, je cite: “Vous pensez vraiment que le monde entier est idiot et que la Russie est la seule à être intelligente?” Notez, ce n’est pas le Ministère russe des Affaires étrangères qui l’a dit mais un expert qui travaille dans un centre analytique américain. Et vous savez: oui, cela arrive, et ce fut le cas avec l’Irak. Ce fut le cas quand nos partenaires occidentaux, Washington et Londres ont présenté au monde entier l’éprouvette et que le monde entier y a cru parce que cette éprouvette avait été présentée au Conseil de sécurité des Nations unies.

10 ans plus tard, tout le monde a compris (pardonnez-moi, je cite l’expert du centre Carnegie) qu’ils étaient des “idiots”, et ces derniers ont présenté leurs excuses pendant longtemps. Toutefois, il est impossible de ressusciter les morts.

Sur les représentants britanniques officiels aux JO organisés par l’Allemagne nazie en 1936

Le 14 mars, la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que les représentants officiels et les membres de la famille royale ne viendraient pas à la Coupe du monde de football 2018 en Russie.

Le 21 mars, le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, en répondant aux questions des membres du comité parlementaire pour les affaires internationales, a reconnu que la Coupe du monde prévue en Russie pouvait être comparée aux Jeux olympiques de 1936 sous le IIIe Reich. “J’ai peur que ce soit absolument exact, absolument exact, a commenté Johnson. Oui, votre description de ce qui se passera à Moscou pendant la Coupe du monde, sur tous les stades… Oui, je pense que la comparaison avec 1936 est absolument pertinente.”

Monsieur Boris Johnson, de quoi parlez-vous? Essayons de comprendre.

Premièrement. Vous parlez peut-être de sport? Si vous parlez de sport et de l’organisation d’événements internationaux dans le domaine du sport, ainsi que du niveau d’organisation des Jeux olympiques, force est de constater qu’à l’époque le Comité international olympique (CIO) avait officiellement noté le niveau élevé de la préparation et du déroulement de ces JO.

Nous avons consulté les archives et avons trouvé les dépêches de l’Ambassadeur soviétique. L’Ambassadeur soviétique Iakov Sourits, dans son rapport pour Moscou, était d’accord avec l’appréciation du CIO sur l’ordre et la bonne organisation des Jeux olympiques.

Deuxièmement. Peut-être que le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson ne parlait pas du sport ni de l’organisation de l’événement sportif. Mais alors de quoi parlait-il? On soupçonne qu’il parlait de la situation politique en Allemagne à l’époque et de l’attitude de la classe politique britannique envers les événements. Nous voudrions rappeler à Boris Johnson et aux Britanniques le niveau de représentation officielle du Royaume-Uni aux JO de 1936, quelles personnes représentaient ce pays à Berlin. Nous avons réussi à retrouver la brochure officielle publiée en Allemagne en 1936 “Les invités d’honneur des 11e Jeux olympiques”, que j’ai entre les mains. Honnêtement, tout ce qui est lié à cette époque, aux événements et à la situation politique, notamment ce que je suis dégoûtée de tenir dans mes mains, est une sorte d'”écho” du passé. Mais il a fallu étudier tout cela.

Alors, qui représentait le Royaume-Uni aux Jeux olympiques de 1936?

1. Lord Portal de Laverstoke, Président du Comité olympique national du Royaume-Uni;

2. Capitaine Evan Hunter, Secrétaire général du Comité olympique national du Royaume-Uni;

Des représentants britanniques au Comité international olympique:

1. Lord Aberdare

2. Lord David George Burghley, Marquis d’Exeter

3. Sir Noel Curtis Bennett

Des fédérations sportives internationales:

1. William Jones, Secrétaire général de la Fédération internationale de basketball;

2. Sir William P. Burton, Président de la Fédération internationale de voile;

3. Commandant Heckstall Smith, Secrétaire général de la Fédération internationale de voile.

Cela signifie seulement que les personnes mentionnées ont participé aux activités officielles liées aux JO, qu’elles étaient présentes dans les stades et à l’ouverture, et qu’elles ont activement communiqué avec les autorités locales en 1936 à Berlin.

Contrairement aux représentants du corps diplomatique accrédités à l’époque en Allemagne, qui ont assisté aux activités dans le cadre des engagements liés à leurs fonctions, les membres de l’establishment britannique mentionnés dans la brochure sont venus en Allemagne de leur plein gré. Je voudrais souligner à nouveau qu’ils sont venus à Berlin chez Hitler en 1936 en tant que représentants de l’establishment britannique, membres de la chambre des lords, aristocrates.

Je voudrais rappeler qu’en 1936 l’Allemagne était déjà “empoisonnée” par l’idéologie que l’on sait. Je ne parlerai pas de l’atmosphère politique qui y régnait. Je voudrais rappeler qu’à l’époque déjà existait le système des camps de concentration pour les opposants au régime nazi, les éléments asociaux, les personnes condamnées et d’autres catégories de citoyens, et que les lois raciales de “Nuremberg” étaient déjà en vigueur.

Il faut dire que jusqu’en 1952, quand se sont déroulés les JO d’été en Finlande, l’Union soviétique ne participait pas aux Jeux olympiques. L’URSS avait ignoré les JO de Berlin. La non-participation d’équipes soviétiques aux JO à l’époque s’expliquait par plusieurs raisons politiques et idéologiques, ainsi que par le fait que le CIO refusait les contacts directs mais tenait en haute estime l’organisation des JO à Berlin. Le Comité national olympique de l’URSS a été fondé le 23 avril 1951. Je n’approfondirai pas dans l’histoire, vous pouvez le faire vous-mêmes.

Monsieur Boris Johnson, ne trouvez-vous pas honteuse et, comme vous aimez de dire, “nauséabonde” la participation d’un tel nombre de responsables britanniques à l’ouverture des JO de 1936? Qu’est-ce que tous ces lords et personnalités sportives britanniques faisaient chez Hitler? Parlez-en à votre pays.

Sur les déclarations du Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson concernant l”affaire Skripal”

Dans un discours prononcé le 28 mars, le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a comparé l'”affaire Skripal” à l’action décrite dans le roman de Fedor Dostoïevski Crime et châtiment.

“Cela ressemble plutôt au début de Crime et châtiment dans le sens où nous sommes tous convaincus de l’identité du coupable, et que la question est seulement de savoir s’il l’avouera ou s’il se fera prendre”, stipule le discours de Boris Johnson publié sur le site officiel du Ministère britannique des Affaires étrangères.

Boris Johnson, dites, avez-vous lu Crime et châtiment jusqu’à la fin ou vous êtes-vous arrêté au début? Puisque vous avez mentionné l’œuvre de Fedor Dostoïevski, tournons-nous vers la figure et les pensées de l’enquêteur Porfiri Petrovitch qui est très rigoureux et, contrairement à vous, a mené rigoureusement l’enquête sur l’assassinat de l’usurière et de sa sœur. Contrairement à vous, nous avons lu Dostoïevski, nous l’aimons et le connaissons.

“Cent lapins ne font jamais un cheval, cent soupçons ne font jamais une preuve; c’est ce que dit un proverbe anglais, et ce n’est que du bon sens. Il faut essayer d’autre part de maîtriser ses passions, car le juge d’instruction est un homme comme les autres.”

Spécialement pour Boris Johnson, voici la citation de Fedor Dostoïevski traduite en anglais: “From a hundred rabbits you can’t make a horse, a hundred suspicions don’t make a proof”. Boris, lisez Fedor Dostoïevski. Cela vous serait utile.

“Vous dites: il y a les preuves, eh bien, les preuves? Mais les preuves, petit père, c’est une arme à double tranchant la plupart du temps! Et puis, moi, je suis un juge d’instruction, donc un homme; j’avoue que l’envie me prend de présenter l’affaire avec une clarté mathématique, de trouver une telle preuve, qu’elle ressemble à deux fois deux font quatre! Je voudrais qu’elle soit une démonstration directe et indiscutable!” C’est aussi de Fedor Dostoïevski – les propos de Porfiri Petrovitch.

A cet égard je rappelle que les autorités britanniques, en négligeant toutes les normes du droit international, ont très hâtivement annoncé l’implication de la Russie dans l’empoisonnement sans enquête ni preuves. Londres n’a toujours pas présenté la moindre preuve ni même décrit le tableau concret des faits. Si vous avez d’autres informations: présentez-les.

De nombreuses accusations ont été proférées envers la Russie, comme quoi elle empoisonnerait ses propres citoyens, utiliserait l’arme chimique… Une vaste campagne politique et médiatique a été lancée. Encore une fois, je voudrais souligner que la Russie n’a rien à voir avec cet incident et ne possède aucune information officielle de la part de Londres.

Quitte à tracer de tels parallèles littéraires, l’ex-premier ministre britannique Tony Blair pourrait jouer le rôle de Raskolnikov, qui a pris la décision de lancer l’agression contre l’Irak en 2003 sous prétexte de la présence de l’arme de destruction massive dans ce pays. Tout le monde savait déjà qu’il n’y avait pas d’armes. Puis Tony Blair a présenté ses excuses, il s’est repenti et a avoué. Je rappelle les propos de Tony Blair: “J’assume l’entière responsabilité de toutes les erreurs sans exception, sans aucune justification… J’exprime un très profond regret concernant les victimes (de l’opération en Irak) et j’exprime mon soutien à nos forces armées…”

Monsieur Boris Johnson, trouverez-vous la force et le courage de vous repentir de l’absence de la moindre preuve de la culpabilité de la Russie concernant son éventuelle implication dans l’empoisonnement qui a eu lieu sur le territoire britannique?

Sur le lien entre le potentiel scientifique de la République tchèque dans le domaine des recherches et des élaborations chimiques et l’expulsion de diplomates russes de ce pays

Nous avons remarqué un grand nombre d’articles dans les médias russes et tchèques mentionnant l’expulsion de nos diplomates de Tchéquie. La raison invoquée est la déclaration du Ministère russe des Affaires étrangères selon laquelle, parmi les États qui auraient pu fabriquer la substance chimique “Novitchok”, figurerait la République tchèque. Il y a eu de nombreuses insinuations et déclarations officielles à ce sujet.

Compte tenu de l’intérêt particulier porté à ce thème et globalement au thème des Skripal, je voudrais rappeler que l’aide-mémoire expliquant la situation réelle dans l'”affaire Skripal” publiée le 21 mars sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères stipule: “Il faut expliquer pourquoi, dans “l’affaire Skripal”, c’est la Russie qui a été accusée de manière absolument infondée alors que des élaborations sous le nom de code occidental “Novitchok” étaient menées au Royaume-Uni, aux USA, en Suède et en Tchéquie. Les résultats obtenus par ces pays pour la création de nouvelles substances de ce type sont reflétées dans plus de 200 sources ouvertes des pays de l’Otan”. C’est notre position officielle. On a commencé à tirer des conclusions en disant que nous portions des accusations. Il n’y avait aucune accusation, et c’est ce qui a été dit dans cette salle. Il y avait des faits. On nous a posé des questions, notamment à travers les médias, sur les articles dans les sources ouvertes. Essayons de comprendre de quoi nous parlons concrètement.

Ce n’est ni un secret ni une découverte: c’est une information basique pour ceux qui connaissent l’histoire de l’Organisation du Pacte de Varsovie. La Tchécoslovaquie, et à présent la Tchéquie, dispose toujours d’une industrie chimique développée. Le potentiel scientifique dans ce domaine était déjà sollicité quand la Tchécoslovaquie était membre du Pacte de Varsovie. A l’époque, au sein de cette Organisation, Prague assumait une responsabilité particulière dans le domaine de la protection chimique dans le cadre du Bloc de l’Est.

Dans tous les médias (vous pouvez trouver ces articles) il y a des publications indiquant qu’après la dissolution du Pacte de Varsovie, le potentiel scientifique tchèque en la matière était très sollicité par ses nouveaux partenaires occidentaux et au final, dans un certain sens, a été hérité par les structures de l’Otan. L’unité de protection chimique de l’armée tchèque a effectué plusieurs missions spéciales au Moyen-Orient. En particulier, des militaires tchèques se sont rendus en Irak pour pallier les conséquences de l’utilisation de l’arme de destruction massive au Koweït. C’est une information absolument ouverte.

Les publications des médias sur l’activité des centres scientifiques de la République tchèque menant des programmes de recherche dans le domaine des substances toxiques militaires permettent aux experts de conclure qu’une place importante est occupée, dans ces recherches, par les substances neuro-paralytiques regroupées sous le nom de code occidental “Novitchok”.

A la tête de ces travaux se trouve le Département de toxicologie et de pharmacologie militaire de la Faculté des disciplines médico-sanitaires militaires de l’Université de défense de la Tchéquie, l’Institut de protection contre les armes de destruction massive de la même Université, ainsi que la Section de protection contre les armes de destruction massive de l’Institut de recherche militaire. Le 31e régiment de protection radiologique, chimique et biologique des forces armées tchèques est en coopération étroite avec ces structures et remplit notamment la tâche de fournir des informations nécessaires sur l’usage de substances chimiques obtenues durant la présence de militaires tchèques au Moyen-Orient. Je répète que ces informations se trouvent en accès libre sur internet. Il y a une réaction officielle aux faits concrets, que vous pouvez demander aux autorités tchèques.

Les projets scientifiques les plus importants dans le domaine des substances toxiques militaires sont menés par le Département mentionné, dont les collaborateurs disposent d’équipements scientifiques uniques de leur propre conception prévus uniquement pour étudier les conséquences de l’usage de substances toxiques militaires à action neuro-paralytique. Le laboratoire dispose d’appareils de pointe pour étudier les troubles du système nerveux et des tissus organiques suite à l’intoxication toxicologique d’êtres vivants avec des substances toxiques.

Un secteur à part des recherches des toxicologues tchèques est l’élaboration d’antidotes, ainsi que d'”éléments liants” et de ferments pour absorber les composantes des substances toxiques à action neuro-paralytique avant qu’elles n’atteignent les organes vitaux de l’homme.

Les travaux de recherche des autorités tchèques sont menés en coopération étroite avec les structures compétentes des pays de l’Otan. Pour ces recherches, des scientifiques tchèques ont déjà reçu trois fois des prix du Comité scientifique de l’Otan ces dernières années. La participation de spécialistes militaires américains au travail des centres scientifiques tchèques a été remarquée.

Il faut noter également l’activité, sur le territoire de la République tchèque, du centre otanien pour la protection contre les armes de destruction massive de Vyškov (Moravie du Sud) jouant le rôle de principale structure de recherche de l’Alliance en la matière. Le centre a été ouvert le 22 novembre 2007 sur la base de l’Institut tchèque de protection contre les armes de destruction massive de l’Université de la défense sur le territoire de laquelle se trouve cette structure. Le “noyau” du centre au début de son activité, selon les médias, était constitué de 63 spécialistes de 8 pays de l’Otan – Royaume-Uni, Allemagne, Grèce, Italie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Tchéquie. Cette année, des spécialistes militaires du Canada doivent se joindre aux projets du centre, qui réalisent déjà plusieurs programmes spécialisés communs avec la Tchéquie. Toutefois on ignore tout du niveau de subordination du centre aux autorités tchèques aussi bien en ce qui concerne ses propres élaborations que dans le contexte des matériaux à sa disposition, y compris éventuellement des substances toxiques militaires non prises en compte. Cette “internationale” ne rappelle rien quand on nous parle de solidarité? Voilà, entre autres, ce sur quoi elle s’appuie.

Le 23 mars, le Magazine médical scientifique militaire (nous aimons lire les journaux), se référant à de nombreuses sources occidentales, y compris les publications scientifiques, a publié un article contenant des informations détaillées sur les substances chimiques militaires à action neuro-paralytique classées dans les pays occidentaux sous le nom de “Novitchok”. D’après les informations citées par l’article, la famille des analogues du “Novitchok” compte plus de cent versions structurelles. Il est évident que la libre possession par les chimistes tchèques d’informations concrètes sur les caractéristiques des substances toxiques militaires de classe “Novitchok”, des éventuelles technologies de leur production, de la symptomatique et des conséquences de leur utilisation témoigne d’une large accessibilité de cette information et remet en question les affirmations des autorités britanniques concernant la possession exclusive par la Russie d’élaborations et de connaissances technologiques à ce sujet.
Le jour même, une autre publication tchèque, Lidové noviny, a fait paraître un article admettant, se référant aux scientifiques tchèques (anonymes, bien sûr), l’éventualité que des centres de recherche tchèques, dans le secret le plus total, élaborent des substances toxiques militaires de type “Novitchok”. La source a précisé que ces travaux étaient certainement orientés sur la création de méthodes efficaces de protection contre les substances toxiques. Mais peut-il y avoir d’autres objectifs que la protection?

Par conséquent, personne n’a accusé ni accuse Prague de quoi que ce soit. Nous n’avançons aucune accusation, contrairement aux collègues britanniques, qui plus est de cette manière. Nous disons seulement que ce n’est pas du tout de la propagande, ce ne sont pas les médias russes ni les intox sur les réseaux sociaux, mais les publications tchèques qui ont commencé ce travail depuis longtemps. Dans l’espace médiatique, un grand nombre de publications confirment le potentiel scientifique élevé de la Tchéquie dans le domaine des recherches et des élaborations chimiques. Il faut en tenir compte.

Sur la mort de Mikhaïl Lessine

Nous avons observé dans les médias américains de nouveaux articles et déclarations sur les circonstances de la mort de l’ex-Ministre russe Mikhaïl Lessine à Washington le 5 novembre 2015. Ces publications, qui sont de nouvelles spéculations, nous laissent perplexes.

On insinue de nouveau qu’il aurait été assassiné et qu’il y aurait une “trace russe” derrière tout cela. Sachant que ces insinuations s’appuient sur les déclarations du fameux expert britannique Christopher Steele qui avait rédigé un certain dossier sur le Président américain Donald Trump.

Le fait que Christopher Steele soit un ancien agent du renseignement britannique rend la situation encore plus intéressante, remarquable et curieuse. Les compétences des services britanniques dans l’organisation de provocations sont bien connues. Il y a des séries à ce sujet, ainsi que des films sur James Bond – qui se sont transformés en “Austin Powers”. Faire quelque chose pour faire porter le chapeau aux autres: c’est leur style.

Selon les résultats officiels de l’enquête menée aux USA, la mort de Mikhaïl Lessine a été causé par un accident. Les dossiers de l’affaire sont confidentiels, c’est pourquoi nous n’avons pas le droit de les divulguer. Mais si les forces de l’ordre américaines ont obtenu de nouvelles informations, il nous semble qu’elles devraient avant tout en informer les autorités russes, car il est question d’un citoyen russe. Je voudrais dire qu’à l’heure actuelle personne ne s’est adressé à la Russie à ce sujet.

Sur la situation sur la péninsule coréenne

La Russie mène un travail actif afin de renforcer les tendances positives dans l’évolution de la situation sur la péninsule coréenne et autour. On examine notamment la question de l’organisation de plusieurs réunions avec les représentants des pays concernés à Moscou prochainement. Nous vous informerons plus en détail par la suite, en accord avec les partenaires.

Sur le contrat signé par la Pologne pour la fourniture de systèmes américains de défense antiaérienne/antimissile Patriot

Nous sommes préoccupés par la militarisation progressive de la Pologne, comme l’a récemment confirmé la signature d’un contrat pour la fourniture de systèmes américains de défense antiaérienne/antimissile Patriot. Varsovie augmente ses dépenses pour la défense, s’efforce de moderniser les forces armées nationales sur le plan militaro-technique, réforme le système de gestion des forces et augmente leurs effectifs. Le gouvernement du pays cherche à accroître les forces et les moyens des alliés de l’Otan sur le territoire polonais. La mise en œuvre des plans américains de créer une base antimissile au nord de la Pologne se poursuit.

Nous considérons ces démarches comme un élément de déstabilisation de la situation militaro-politique en Europe et une menace pour la sécurité nationale de la Russie. Dans le même temps, nous constatons que les ressources russes en matière de défense sont suffisantes pour garantir l’intouchabilité de nos frontières ouest et protéger notre territoire.

Sur la date-anniversaire de l’agression de l’Otan contre la Yougoslavie

Le 24 mars à Belgrade se sont déroulées les commémorations en hommage aux victimes de l’agression de l’Otan contre la République fédérale de Yougoslavie. Il y a 19 ans, en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies, en violant le droit international et toutes les normes morales possibles et imaginables, l’Otan a commis pendant 78 jours des bombardements barbares contres des villes serbes dans lesquels plus de 2 000 innocents ont été tués, dont plus de 400 enfants – l’Occident parle de “dommages collatéraux”.

Le prétexte utilisé pour justifier ces événements tragiques était l’incident de Racak, pendant lequel des Serbes auraient tué des habitants albanais “pacifiques”. Les experts légistes finlandais ont percé à jour cette désinformation propagandiste utilisée pour justifier l’agression de l’Otan. Il était en fait question de terroristes albanais kosovars habillés en civils après leur mort. Personne n’a été inculpé pour cela. Et personne n’a même présenté d’excuses. Manifestement, les excuses ne sont pas le propre de l’Otan.

Presque 20 ans plus tard, malheureusement, les méthodes de nos collègues occidentaux n’ont pas changé. Voilà en ce qui concerne la question de l’expert de l’Institut Carnegie: “Est-ce que tout le monde est idiot?” C’est la citation d’un homme qui a tenu un discours à la radio financée par l’argent américain. A l’époque, le monde entier jouait à ce “jeu sanglant”. C’étaient des manipulations propagandistes des USA et de leurs alliés européens. Malheureusement, nous constatons de telles approches aujourd’hui également. J’en ai beaucoup parlé aujourd’hui. Cette situation pousse à songer à toute l’histoire de Salisbury concernant la prétendue “attaque chimique”, les dessins “sur les genoux”.

Sur l’interception du bateau de pêche russe “Nord” par des garde-frontières ukrainiens

Suite à l’interception du bateau de pêche russe “Nord” avec ses 10 membres d’équipage le 25 mars par les garde-frontières ukrainiens en mer d’Azov, nous jugeons nécessaire de déclarer ce qui suit.

Il s’agit manifestement d’une nouvelle provocation des autorités ukrainiennes à l’égard des citoyens russes. Les garde-frontières ukrainiens ont agi vis-à-vis de l’équipage du bateau comme s’il s’agissait de pirates somaliens.

L’équipage du navire possédait tous les documents nécessaires pour pêcher dans les eaux de la mer d’Azov et le faisait en stricte conformité avec les règles de pêche en vigueur.

Nous considérons l’action de Kiev comme une tentative de se venger contre les habitants de la Crimée pour leur choix au profit du retour au sein de la Russie fait en toute conscience en mars 2014.

Nous exigeons la libération immédiate des membres d’équipage et le retour du bateau “Nord” à son propriétaire légal.

Nous appelons les autorités ukrainiennes à s’abstenir de telles actions illégales à l’avenir et à respecter rigoureusement leurs engagements internationaux.

Sur le durcissement du contrôle migratoire en Ukraine

Nous avons appris récemment que Kiev avait l’intention de durcir à nouveau les règles migratoires pour les étrangers, avant tout pour les citoyens russes. Il s’agirait d’instaurer un mécanisme de vérification des raisons d’entrer en Ukraine par le biais d’une notification préalable en ligne.

Nous considérons cette initiative de Kiev comme un nouveau pas vers l’érection de barrières artificielles entre nos pays et peuples. Les autorités de Kiev ne savent plus quoi faire d’autre pour empêcher les Russes et les Ukrainiens d’entretenir sans obstacle des relations parentales, amicales et des contacts d’affaires.

Nous espérons que ces tentatives d’empêcher une communication normale entre les peuples de nos pays échoueront.

Sur la commémoration de la révolte du camp d’extermination nazi de Sobibor organisée à Vienne par la Fondation russe Petcherski et l’Institut d’enseignement du Parti de la liberté d’Autriche

Le 22 mars à Vienne s’est déroulée une activité à l’occasion du 75e anniversaire, célébré en octobre prochain, de la révolte des prisonniers du camp d’extermination nazi de Sobibor sous la direction d’Alexandre Petcherski. Elle a été organisée par la Fondation Petcherski et par l’Institut d’enseignement du Parti de la liberté d’Autriche.

A cette commémoration ont participé l’arrière-petite-fille d’Alexandre Petcherski, des personnalités politiques russes, autrichiennes et israéliennes, des représentants publics, des médias et des compatriotes.

Nous pensons que de telles activités envoient un message important: elles aident à préserver une mémoire objective du passé, de la tragédie du peuple juif, de la contribution de l’Armée rouge pour mettre un terme aux “usines de la mort” – les camps d’extermination hitlériens où des gens de différentes nationalités ont péri.

Il est particulièrement important de préserver cette mémoire aujourd’hui, quand certains pays entreprennent des tentatives pseudo-historiques de réviser les causes et le bilan de la Seconde Guerre mondiale, et détruisent des monuments érigés en hommage à ceux qui ont donné leur vie au nom de la Victoire sur le nazisme.

Réponses aux questions:

Question: Bien que la Turquie soit membre de l’Otan, elle a refusé d’adopter des sanctions contre la Russie concernant l’affaire Skripal. Comment la Russie évalue-t-elle la position d’Ankara?

Réponse: Nous comprenons quelle pression colossale a été exercée par Londres et Washington sur leurs alliés. Nous n’en doutons plus: il s’agit d’actions synchronisées. Étrangement, ils utilisent constamment le terme “partenaire de l’UE et de l’Otan”. Les USA ne font pas en réalité partie de l’UE, mais ils le disent tout le temps. Nous comprenons quelle pression inhumaine ils ont exercé sur leurs partenaires en s’appuyant sur le principe de solidarité et sur la mise en œuvre d’une politique étrangère unifiée. Nous comprenons également que Londres et Washington tirent profit de la provocation et de l’expulsion des diplomates russes. Regardez le nombre de diplomates expulsés par ces pays: il s’agit respectivement de 23 et de 60 personnes. Qui plus est, les États-Unis ont encore fermé un Consulat général russe sur leur territoire. Peut-on réellement parler d’un élan spontané de solidarité si l’on parle d’événements d’une telle envergure? Évidemment non. A notre avis, les pays qui ont malheureusement cédé ou cèdent à ces pressions, commettent une erreur grave.       

Aujourd’hui j’ai déjà cité plusieurs cas en exemple, quand certains pays ont cédé aux pressions politiques, financières ou d’un autre genre et ont commis ces erreurs avant de les regretter plus tard. Vous pouvez consulter ces informations dans les mémoires et les recueils de documents correspondants. Tout le monde regrette les événements en Irak et en Serbie. Tout le monde a honte de ces faits, et notamment d’avoir participé à ces campagnes. A notre avis, les pays qui sont restés hors de ces actions font preuve d’une approche responsable non seulement de leurs relations bilatérales avec la Russie, mais aussi et surtout du droit international. Demain, n’importe quel État pourrait faire l’objet de la même agression politique et d’information ou de provocations. On pourra accuser n’importe quel pays d’un crime, sans verdict d’un tribunal, sans enquête et sans preuves. Il faut noter encore une fois qu’il s’agit de la responsabilité et d’un comportement responsable de chaque État concret.     

Question: Que pensez-vous de la déclaration de la Ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland sur la décision de renvoyer les diplomates russes? Chrystia Freeland a affirmé que l’affaire Skripal concernait non seulement les Skripal, mais aussi un large éventail d’actions inacceptables de la Russie, notamment en Syrie, en Crimée ou en Ukraine.

Réponse: Cette question a été posée par tous les ambassadeurs russes lorsqu’ils ont été convoqués par les ministères des Affaires étrangères des pays où ils étaient accrédités pour se voir présenter la liste des diplomates russes renvoyés ou être informés de la décision en ce sens. Tous les ambassadeurs russes ont demandé quelles étaient les raisons de cette décision. Je vais répondre. Il existe une notion de solidarité dans le cadre de l’UE et de l’Otan. Un sommet de l’UE vient de se dérouler. Il a accordé une attention particulière à Sergueï Skripal mais n’a pas évoqué Nadejda Savtchenko. Les participants ont perdu énormément de temps sans pour autant formuler une explication commune à l’expulsion des diplomates russes. Chaque pays a inventé ses propres motifs. Initialement, on a souligné qu’il s’agissait d’un signe de solidarité. Concernant les accusations contre la Russie, nous n’avons entendu aucune réponse raisonnable. Nous n’avons constaté que des explications du type “il nous semble qu’il existe une possibilité d’implication russe”. C’est la position de certains pays. D’autres ont refusé de commenter la situation et indiqué qu’il s’agissait tout simplement de solidarité. A la question de savoir s’il y avait des prétentions éventuelles envers les personnes expulsées, les positions affichées étaient très différentes. Nous avons constaté ces divergences non seulement au sein des blocs de pays – ce qui est plus ou moins explicable – mais aussi parmi les organismes nationaux que nous avons contactés dans tel ou tel pays. Ainsi, on disait à l’ambassadeur qu’il s’agissait uniquement d’un acte de solidarité, pour ensuite annoncer à la télévision qu’on avait mis à jour un réseau russe d’espionnage. Il faut donc définir si vous avez démasqué un réseau d’espionnage, fait un acte de solidarité ou si tout cela n’a en réalité aucune importance, car l’essentiel est de trouver d’urgence 8 ou 12 images (il n’est pas vraiment important que leur nombre et leur nom ont changé depuis deux semaines) et de faire quelque chose le plus rapidement possible. Sans faire trop attention aux détails.

Maintenant, parlons des causes de ces actions. La campagne antirusse et la polémique russophobe sont bien compréhensibles. Vous avez justement mentionné la Syrie. Ces événements ont un lien direct avec ce pays et avec ce que nous avons mentionné aujourd’hui. Il y a un mois ou un mois et demi, la situation dans la Ghouta orientale était le sujet principal des actualités, notamment dans vos reportages. Vous affirmiez à tout le monde qu’il existait une véritable catastrophe humanitaire dans la Ghouta orientale. Il s’avère pourtant qu’il n’y a aucune catastrophe humanitaire. La Ghouta orientale, tout comme Alep par le passé, rétablit une vie pacifique. Il s’est avéré que le Ministère russe de la Défense avait lancé sur son site une retransmission en direct des caméras installées dans la Ghouta orientale. Il est donc désormais impossible de tromper tout le monde en affirmant qu’on tire sur les gens à la sortie de la ville, qu’on les bloque ou qu’on tue les enfants au lieu des terroristes. Il y a quelques mois, tous les efforts des médias internationaux étaient orientés vers ce conte de fées horrible de la Ghouta orientale. Comment pouvait-on donc réorienter toute l’attention de la presse et de l’opinion publique internationales vers une autre chose?
La sitcom britannique Yes Minister, diffusée en 1984, compte 30 ou 40 épisodes dont l’un est consacré au problème suivant: comment contraindre tout le monde à cesser de parler d’un problème qui te gène? Les comédiens britanniques ont répondu à cette question en 1984. Selon eux, tout était très simple: il fallait justement renvoyer beaucoup de diplomates soviétiques sous couvert d’une bonne légende indiquant par exemple que le chauffeur de l’ambassadeur soviétique était un agent haut placé du KGB. Tout le monde comprendrait donc où était la menace réelle contre la sécurité nationale. Nous étions en 1984! Cette vidéo est accessible sur nos sites. C’est un exemple classique des affaires de ce genre.    
Concernant le deuxième élément, c’est-à-dire les raisons, les armes chimiques restent l’un des sujets principaux de toutes les négociations, rencontres et conférences de la communauté internationale sur la Syrie. Par ailleurs, ces armes ont été éliminées en coopération avec les pays occidentaux. Il s’agit d’une opération sans précédent, initiée par la Russie et menée par tout le monde sous l’égide de l’Onu. Les armes ont été détruites. Nos collègues occidentaux affirmaient pourtant que Damas ne cessait de les utiliser. La Russie répondait constamment qu’il s’agissait de provocations. Comment peut-on donc exclure la Russie des débats sur les armes chimiques, notamment en Syrie? Très simplement: il suffit de dire que la Russie utilise elle-même les armes chimiques, y compris sur le territoire britannique, et que Moscou le fait évidemment avec le Président syrien Bachar al-Assad. C’est une approche classique.
Personne n’a donc plus aucun intérêt à suivre les événements dans la Ghouta orientale. Tout le monde affirme que la Russie utilise des substances chimiques toxiques sans présenter aucune preuve. Mais pourquoi s’encombrer de preuves si l’on a de belles images? 
Question: Que pensez-vous de la décision de la Bulgarie de rappeler son ambassadeur Boyko Kotsev pour consultations? Quelle sera la réponse de la Russie?
Réponse: Ne me posez pas, s’il vous plaît, de questions concernant chaque pays isolé. J’ai déjà parlé du comportement responsable des pays. Tout État doit comprendre qu’il adopte telle ou telle décision sur la base de certains documents, données et preuves convaincantes. A mon avis, il vaut mieux poser votre question aux responsables bulgares: quel est le motif du rappel de leur ambassadeur? Quel est le motif de cette décision? La Bulgarie possède probablement des données prouvant la culpabilité de la Russie sans aucune enquête, décision de la cour ni conclusion des experts internationaux. S c’est en effet le cas, présentez-les-nous s’il vous plaît. J’ai confiance en les médias bulgares. Ils pourraient réussir.
Question: Adoptera-t-on une réponse symétrique à l’expulsion des diplomates russes?
Réponse: Oui. Il ne faut pas pourtant se focaliser sur le caractère de ces mesures, si elles seront symétriques ou pas. Elles seront tout d’abord adéquates. Nous élaborons actuellement ces mesures et nous les annoncerons prochainement. Nous vous informerons de la forme et du contenu de ces mesures quand elles seront mises au point. Nous ne voulons pas révéler tout de suite toutes les surprises.
Question: Le Ministère russe des Affaires étrangères a plus d’une fois averti les citoyens russes voyageant à l’étranger du risque qu’ils soient arrêtés sur le territoire des pays tiers à la demande des États-Unis. Ces avertissements restent-ils toujours pertinents dans le contexte de l’aggravation des relations de la Russie avec certains pays suite à l’affaire Skripal?
Réponse: Oui, évidemment. Les risques pourraient augmenter. Mais je ne peux pas faire de prévisions. Cet avertissement a été formulé et reste toujours pertinent.
Question: Dans le cadre d’une interview récente accordée à l’agence de pesse TASS, l’ambassadeur polonais en Russie a déclaré que beaucoup de monuments soviétiques étaient horribles d’un point de vue esthétique et ne méritaient pas d’être conservés. Que pensez-vous de ces propos compte tenu du fait que ce diplomate représente les intérêts de son pays en Russie?
Réponse: On pourrait aller plus loin et affirmer que comme certaines personnes ne sont pas belles, elle n’ont aucune raison de vivre. Cette logique peut conduire à des conclusions de ce genre.
Ces monuments n’ont pas été érigés à des fins esthétiques. Ce n’était pas une époque où l’on lançait des appels d’offre pour le monument le plus esthétique, beau ou technologique. Franchement, je ne sais pas comment on installait ces monuments dans l’Europe dévastée, pauvre, affamée et  tremblant de froid. On rétablissait les infrastructures primaires qui devaient assurer la vie de la population. La fin de la Seconde Guerre mondiale – ou de la Grande Guerre patriotique pour les Russes – ne signifiait pas l’arrêt des combats visant à éliminer les restes des fascistes et des nazis. Nous nous rappelons parfaitement combien de temps il a fallu pour les éradiquer de facto. Il ne s’est pas agi de mois, mais d’années. Dans le contexte où l’Europe était en ruines – regardez les photos de l’époque -, la vie normale était impossible pendant des années, il y avait un grand nombre de blessés et d’handicapés qui demandaient une aide sociale (la nourriture, les médicaments voire l’espoir pour l’avenir). On avait pourtant assez de ressources, de volonté et de forces intérieures et d’esprit pour ériger ces monuments. Les survivants honoraient ainsi les morts. J’ai honte, en évoquant ce sujet, de devoir expliquer qu’il ne s’agit pas d’esthétique. J’ai honte qu’en 2018 des gens qui se laissent guider par les droits de l’homme, le droit humanitaire, l’empathie, la sympathie, le partage de la responsabilité et de la douleur, utilisent en principe ces termes. Personnellement, j’en ai honte.   
Question: Vous ne pouvez pas encore annoncer la riposte de la Russie à l’expulsion de ses diplomates, mais pouvez-vous dire quelle idée sera promue par les mesures russes indépendamment de leur nature?
Réponse: C’était une provocation. Si vous demandez d’expliquer notre message littéralement et en quelques mots, je ne suis pas certaine que le format de cette conférence de presse me le permette.
A mon avis, l’expert de la Carnegie Institution a tout dit en posant une question rhétorique. Je doute que je puisse présenter une meilleure formule, trouver une autre chose. Les journalistes que je vois dans cette salle, des gens connus et inconnus avec qui nous nous rencontrons lors de différents événements, me demandent le plus souvent où le monde va. Je ne peux pas répondre, bien que cela fasse partie de mon métier. Les questions concernant les pronostics de ces pays concernant l’avenir et le développement de leurs relations font probablement partie de la question rhétorique de l’expert de la Carnegie Institution. L’omerta et les accusations infondées, les accusations sans aucune preuve, tout cela constitue un crime. Consultez vos codes pénaux et administratifs nationaux.  
Question: Les journalistes de l’agence Sputnik en France n’arrivent plus depuis un an à obtenir une accréditation aux événements du Ministère français des Affaires étrangères, de l’Élysée et d’autres institutions publiques du pays. Nos journalistes ne peuvent pas assister aux conférences de presse, comme je l’ai fait aujourd’hui. Les autorités françaises accusent l’agence Sputnik de couvrir de manière peu objective leur politique publique. Combien de journalistes représentant les médias publics de ce pays ont été accrédités auprès du Ministère russe des Affaires étrangères? Quand prendra-t-on des mesures symétriques contre eux?
Quelle est la position du Ministère russe des Affaires étrangères concernant la reprise de l’octroi de la citoyenneté russe aux Abkhazes?
Réponse: Nous sommes parfaitement au courant de la situation de l’agence Sputnik. Nous avons plus d’une fois fait connaître notre position à Paris. Nous en avons parlé avec les représentants de l’Ambassade française à Moscou, ainsi que lors des pourparlers entre les chefs des diplomaties de nos pays. Nous avons envoyé des lettres appropriées présentant nos préoccupations au Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias. Les représentants français nous indiquent seulement que cette décision concernant l’interdiction d’accès et la discrimination (appelons les choses par leur nom) – un média accrédité qui remplit toutes les exigences ne peut pas accéder aux événements – s’explique par le choix unilatéral du Président français Emmanuel Macron. Nous n’avons entendu aucune autre réponse à d’autres niveaux, aucune mention d’une violation des normes ou d’un comportement inapproprié.
Concernant votre question sur l’Abkhazie, Nous n’avons aucune information concernant la reprise de l’octroi de la citoyenneté russe aux Abkhazes, dont la simplification de l’acquisition a été stipulée par l’article 13 de l’Accord “Sur l’alliance et le partenariat stratégique” du 24 novembre 2014 entre la Russie et l’Abkhazie. Nous élaborons actuellement une entente bilatérale en ce sens.  
Question: Beaucoup de pays ne croient pas les propos de la Russie qui nie son implication dans l’empoisonnement de Sergueï Skripal, pas plus que les versions alternatives des événements présentées par les responsables russes. Est-ce que le Ministère russe des Affaires étrangères perçoit l’existence d’un grand problème de confiance envers la Russie?  
Réponse: Vous savez, il faut décider si nous jouons aux cartes ou si nous nous occupons de choses sérieuses. S’agit-il d’une partie de poker ou des relations internationales? S’agit-il de la responsabilité commune face au droit international, d’un jeu international réel dans le cadre établi par la Charte de l’Onu ou d’un recours arbitraire à la force et à la pression? C’est l’Occident qui a affirmé pendant des décennies à la Russie qu’il ne fallait en aucune façon recourir à la force, à la pression politique ou idéologique. On l’a constaté suite au démembrement de l’URSS. Au début du processus de démocratisation. Nous avons très bien appris ces règles. Nous nous sommes mis à bâtir nos relations avec nos partenaires sur une base égalitaire, à utiliser des termes tels que “concurrence économique et financière”, “compétitivité” dans différents domaines, “proposition de projets plus avantageux et intéressants aux partenaires”, ou encore “véritable compétition sur une base démocratique et transparente”. On a l’impression que personne ne s’attendait à ce que nous réussissions. Ainsi, on nous donnait des leçons sans croire que nous n’arriverions jamais à mener un jeu réel. Cela n’a pas été le cas. Nous nous sommes mis à former – non sans succès – des ensembles d’intégration, à prouver dans la pratique que le monde n’était pas unipolaire dans sa nature, ni dans son caractère politique. On affirmait que la Russie était un partenaire fiable dans le domaine énergétique malgré les changements radicaux, complets, de sa structure et de son système politique, qu’aucun changement économique, politique et même géographique en Russie n’avait jamais remis en question les livraisons de gaz en Europe lancées dans les années 1970; que la Russie pouvait éprouver des difficultés, tout comme les autres pays, demander de l’aide ou l’octroyer elle-même; qu’elle était prête à partager des informations de renseignement, être un partenaire fiable dans la lutte antiterroriste malgré les divergences existantes, notamment sur l’Afghanistan; qu’elle était prête à soutenir les États-Unis dans ce domaine et qu’elle avait été l’une des premiers pays à le faire. La Russie est devenue ouverte et transparente – dans le bon sens du terme -, un acteur réel des relations internationales.        
Ensuite, quand nous avons commencé à obtenir les résultats comparables à ceux de différents pays dans différentes régions du monde, nous avons ressenti que certains en étaient mécontents. Nous avons perçu, dans les projets proposés à l’Europe, la main des États-Unis qui faisaient tout leur possible pour nous empêcher de les mettre en œuvre. Où sont les USA et où est l’Europe? Pourquoi Les États-Unis s’intéressent-ils tellement à nos affaires européennes? Qui plus est, nous avons constaté que nos collègues occidentaux promouvaient une politique absolument antirusse sur le territoire des États liés à nous historiquement – nos familles n’ont pas changé et certains de leurs membres vivent toujours sur le territoire des anciennes républiques soviétiques. Au lieu de nous offenser et de dire que l’on avait plus aucune envie de mener ce jeu si l’on ne voulait plus bâtir les relations égalitaires avec nous, nous avons posé des questions, souligné que c’était injuste vis-à-vis de la Russie et que cela se solderait par une crise internationale majeure.
Vous parlez d’une crise de confiance… Si l’on fait tout pour torpiller cette confiance, comme le font le Royaume-Uni et les États-Unis, on peut en effet parler d’une crise de confiance. S’agit-il en réalité de soutien et de solidarité? Le plus fantaisiste réside dans le fait que le terme “solidarité” a un sens tout à fait différent par rapport à ce qu’on nous explique. Être forcé de soutenir, de subir la pression – ce n’est pas de la solidarité. La solidarité signifie que tu soutiens quelque chose malgré les difficultés et les circonstances. Ce sont deux choses très différentes.
Quelle solidarité? De quoi parlez-vous? Il s’agit d’une pression directe et de menaces. Le dernier sommet de l’UE aurait dû permettre d’élaborer une formé unifiée de réaction, de formuler des explications publiques et des actions concrètes. Mais on adopte telle ou telle décision en une journée. Pratiquement tous les pays membres de l’UE – je ne peux pas dire si la Grande-Bretagne est actuellement membre de l’UE ou pas, mais je parle dans tous les cas de ceux qui le restent – ont décidé d’expulser un à quatre diplomates russes. Ces paramètres ne prévoient donc pas de préparatifs approfondis, contrairement aux États-Unis qui ont renvoyé 60 personnes. La décision d’expulser une, deux ou trois personnes peut être prise assez rapidement. Les décisions en ce sens ont été adoptées en quelques jours. Certains nous ont d’abord annoncé un chiffre par téléphone pour envoyer plus tard des listes avec un autre. On nous a indiqué initialement une raison du renvoi pour en souligner ensuite une autre. Cela signifie que ces pays font face à une pression énorme. Plusieurs représentants diplomatiques nous l’ont avoué directement. Vous êtes parfaitement au courant. Si vous ne l’êtes pas, c’est triste car cela signifie que vous ne faites pas vraiment attention aux faits. De quelle solidarité s’agit-il? De quelle confiance peut-on parler? Il ne s’agit pas de la solidarité et de la confiance des romans d’Alexandre Dumas. Ce sont des formes modernes de comportement de ces forces mondiales qui ne se laissent guider ni par le droit, ni par les valeurs morales.
Est-ce que les pays occidentaux et les autres membres de la coalition qui a pris part à la campagne irakienne, méritent, selon vous, qu’on leur fasse confiance? C’est la question que je vous pose, si vous osez répondre.  
Question: Vous me posez réellement une question?
Réponse: Oui, en effet. Vous assistez rarement à nos conférences, mais sachez que nous avons un dialogue interactif.
Question: C’est moi qui vous ait posé une question.
Réponse: Oui, mais j’y ai déjà répondu et je voudrais donc vous poser la mienne. Trouverez-vous la force de répondre à la question de savoir si les pays qui ont lancé ou soutenu la campagne anti-irakienne méritent qu’on leur fasse confiance?  
Question: Je ne représente pas le Gouvernement britannique. Je suis journaliste et je suis là pour vous poser des questions.
Réponse: Le fait est que je n’ai pas posé cette question à vous en tant que représentant du Gouvernement britannique – bien qu’il vous soutienne, notamment d’un point de vue financier – mais en tant que journaliste. Je ne vous demande pas de réponse officielle. Je ne demande rien. Je vous le demande en tant qu’homme et journaliste. Si vous n’osez pas, dites-le ouvertement.
Question: Cela n’a rien à voir avec moi. Ce n’est pas mon idée.
Question: Les autorités américaines ont-elles le droit d’expulser du pays les collaborateurs russes accrédités auprès de l’Onu selon le droit international? Quel est l’avenir de cette organisation si cela est en effet le cas?
Réponse: Les États-Unis ne peuvent pas renvoyer unilatéralement les diplomates qui travaillent à l’Onu. Il existe des procédures spéciales régulant l’arrêt des activités professionnelles de tel ou tel diplomate. Nous essayons de comprendre comment les USA ont mis en œuvre leur décision. A notre connaissance, ces procédures n’ont pas été lancées actuellement. Notre ambassade à l’Onu se charge de cette question.
Question: Ressentez-vous le soutien ou la sympathie des gens ordinaires, des citoyens et des structures étrangers?
Réponse: Je ne peux pas dire que nous ressentons ce soutien ou son absence. A mon avis, il serait plus juste de dire que nous constatons une perplexité et un embarras colossaux des représentants officiels de différents pays, de l’opinion publique et des journalistes qui tentent de comprendre ce qui se passe et où cela pourrait nous mener. Nous ressentons le désarroi et la compréhension du fait que le monde frôle la catastrophe. La situation est très dangereuse. Nous constatons cela, ainsi qu’une incompréhension de la situation actuelle et une méconnaissance des faits dans les conversations que je mène et que mènent nos ambassadeurs avec des responsables étrangers dans les pays où ils sont accrédités.
En ce qui concerne les personnes ordinaires, nous recevons beaucoup de lettres de citoyens russes et étrangers. Elles témoignent du sentiment que le monde se trouve en état de turbulence. Qui est responsable de ce qui se passe? Pourquoi tout est comme ça? Car on aurait dû tirer énormément de leçons des situations de ce genre qui débutaient par une provocation et se soldaient ensuite par des conséquences irréparables. Je voudrais souligner encore une fois que nous ne pouvons considérer les actions de Londres que comme une provocation internationale globale.
Question: Nos condoléances suite à la tragédie de Kemerovo.
J’ai récemment demandé votre opinion sur le degré de danger de la situation actuelle, et vous avez répondu qu’il n’existait pas de thermomètre pour le mesurer. Aujourd’hui vous avez mentionné l’Irak. Faut-il donc s’attendre à une guerre?
Réponse: Non. Cela signifie seulement que nous avons présenté des exemples de provocations passées et leurs auteurs. Si nous parlons de confiance, il faut regarder les faits en face. Certaines images montrées par l’ambassade et distribuées au Royaume-Uni affirment que la Russie aurait déjà lancé des actions de ce genre contre des citoyens russes sur le territoire britannique. Aucune enquête sur les cas des citoyens russes qui sont morts ou ont subi d’autres malheurs dans les conditions mystérieuses n’a été menée jusqu’au bout pour que l’opinion publique ou au moins la Russie puisse comprendre le sens de l’affaire. Les cas d’Alexandre Perepelitchny, de Boris Berezovski, d’Alexandre Litvinenko, ainsi que plusieurs autres morts mystérieuses restent toujours classifiés. Il est donc tout simplement impossible d’affirmer qu’il s’agit d’une situation du même genre et que la Russie se comporte comme un agresseur. Nous n’avons aucune idée de ce qui s’est passé.          
Il existe pourtant des cas prouvés de manipulation de l’opinion publique mondiale. Il s’agit notamment de l’Irak ou de la Libye, vis-à-vis de laquelle on avait d’abord tenu certains propos avant que la situation mène à la dislocation du pays, à une tragédie pour le peuple libyen. Aujourd’hui refait surface le linge sale de cette situation, qui implique d’importantes sommes d’argent et des politiciens européens. Cet aspect de la situation que l’on découvre actuellement est tout simplement dégoûtant. Comme vous représentez les médias européens, vous comprenez mieux que moi cette facette des événements. 
Il existe énormément d’exemples du comportement irresponsable et provocateur de la Grande-Bretagne et des États-Unis. L’Irak a été cité comme l’un des exemples les plus éloquents de ce genre de mensonges. Ils n’ont pas réussi à tromper la Fédération de Russie à l’époque, pas plus que l’Allemagne et la France. On ne peut malheureusement pas en dire autant de l’Italie et de certains autres pays.
Je voudrais m’adresser au représentant de Sky News: observez à quel point les méthodes utilisées lors de la formation de la coalition en Irak et de la “solidarité” actuelle sont similaires. Elles sont identiques. Il n’y avait aucune raison concrète d’envoyer à la coalition anti-irakienne dix militaires d’un petit pays européen. Ces cinq ou dix personnes ne pouvaient évidemment apporter aucune contribution militaire, politique, scientifique, financière ou même morale à cette coalition. Pourquoi donc avoir agi ainsi? Pour montrer que l’Occident forme un large front uni, que les pays font preuve d’une “solidarité” qui n’en est pas une en réalité. La solidarité a un sens tout à fait différent. Cette coalition a été formée pour entrer en Irak, éliminer le “tyran” qui “menaçait le monde” avec ses armes de destruction massive. On constate donc les mêmes pistes et modèles, mais à une autre échelle, dans une situation et une histoire différentes.
Voulez-vous former de nouveau un front politique? Pour quoi faire? Pour montrer une liste de pays qui vous soutiennent malgré l’absence totale de preuves? Nous n’avons pas besoin de cette liste. Nous savons comment elle a été constituée et vous devez également être au courant. Il y a eu des menaces, des demandes et des promesses. Certains ont compris qu’il valait mieux soutenir tout cela volontairement pour éviter la pression. C’est justement pour cela que j’ai évoqué aujourd’hui l’exemple irakien.
Je vous remercie pour votre sympathie et vos condoléances suite à la tragédie de Kemerovo. Nous avons reçu des paroles de soutien du monde entier, des citoyens ordinaires qui venaient à nos ambassades pour déposer des fleurs, allumer des bougies, laisser des notes et des jouets, écrivaient des messages sur leurs blogs, tout comme des journalistes et des responsables publics.
Nous avons exprimé notre désarroi face au fait que certains présentaient leurs condoléances  officielles puis annonçaient des mesures hostiles envers la Fédération de Russie dans la même journée, dans le même texte. Plusieurs pays ont agi de cette manière. Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui ont exprimé leur soutien à la Russie et à ses citoyens, aux habitants de Kemerovo qui ont perdu leurs proches et leurs enfants dans cette tragédie horrible. Merci beaucoup!
Question: Quand le Ministère polonais des Affaires étrangères a annoncé l’expulsion de quatre diplomates russes, il a été déclaré le jour même que les services polonais avaient arrêté un “espion russe”: un citoyen polonais travaillant au Ministère polonais de l’Énergie qui transmettait prétendument des informations aux renseignements russes concernant la construction du gazoduc Nord Stream 2 – ce qui est étrange parce qu’il est construit par la Russie. A titre de preuve, selon la presse polonaise, étaient rapportées des informations selon lesquelles le suspect était un commentateur actif sur internet et avait même créé sur Facebook son propre groupe, où il débattait activement de la politique énergétique de la Pologne. Que pouvez-vous dire de cette histoire?
Réponse: Je n’ai pas de commentaires à ce sujet, je demanderai des précisions.
Question: Que pensez-vous du précédent que constitue l’expulsion massive de diplomates pour le droit international?
Réponse: J’en ai déjà parlé plusieurs fois. Ce n’est pas une question de précédent: malheureusement, cela fait partie du travail diplomatique routinier et cela a lieu, en règle générale, sans que cet échange soit rendu public. Parfois, quand les pays veulent souligner le caractère dramatique du moment, ils le font publiquement même si ces aspects sont convenus à l’avance. En l’occurrence, il est question d’une action qui a des fondements dangereux dans le sens où les actions et les démarches des pays de l’UE sont utilisées par Londres, qui d’ailleurs quitte l’UE, comme une preuve de la culpabilité de la Fédération de Russie.
Personne ne s’oppose à ce que les pays expriment leur point de vue sur telle ou telle question, et même le fassent de manière extravagante. Le fait est que tous ces signes de “solidarité” étaient nécessaires uniquement comme l’unique argument qui pouvait être présenté à la communauté internationale. Souvenez-vous des propos de l’expert du centre Carnegie selon qui “un tel nombre de personnes et d’États ne peuvent pas se tromper”. C’est précisément une substitution à la base légale. Quand une prétendue “solidarité” est utilisée comme une base de preuves même si elle n’a rien à voir avec ce qui s’est passé, c’est un précédent dangereux.
Vous êtes journalistes et vous pouvez demander à vos gouvernements et dirigeants de présenter des preuves. Après tout, presque un mois s’est écoulé depuis que cette affaire a éclaté. Qu’a-t-il donc bien pu se passer pour que ces preuves soient présentées dans seulement 2 ou 3 mois et non aujourd’hui? Toutes ces questions restent sans réponse. Nous en publierons la liste prochainement.
Question: Peu de temps avant les récents événements autour de l’expulsion de diplomates, les présidents de la Russie et des USA s’étaient entretenus par téléphone pour évoquer la nécessité d’organiser un sommet et de poursuivre les contacts. Les récents événements signifient-ils qu’aujourd’hui, tous les contacts seront suspendus et que la préparation du sommet sera bloquée?
Réponse: Je ne peux pas commenter ce qui concerne la préparation du sommet. La question de savoir si elle a commencé ou non est à poser à l’Administration du Président russe.
En ce qui concerne les contacts au niveau du Ministère des Affaires étrangères, vous le savez, il a été annoncé que Rex Tillerson quittait le Département d’État américain et qu’il serait remplacé par Mike Pompeo. Cependant sa nomination n’a pas encore eu lieu – c’est pourquoi il n’y a aucune raison de parler de contacts. Nous entretenons un contact avec l’ambassade américaine, nous échangeons régulièrement des listes à ce sujet: aujourd’hui ils échangent avec nous, demain nous échangeons avec eux – ce sont aussi des contacts après tout.
Question: Les pays occidentaux expulsent un nombre sans précédent de diplomates russes (plus de 140) dans le contexte de l'”affaire Skripal”. Quel sera le sort de ces diplomates?
Réponse: J’ai déjà presque tout dit sur les expulsions. En ce qui concerne le sort des diplomates, je peux dire que tous les collaborateurs des établissements diplomatiques russes dont le travail a été suspendu de manière infondée à l’initiative des pays d’accueil, conformément à la législation russe, recevront évidemment des postes appropriés. Tous les diplomates russes revenus poursuivront leur carrière. Leurs compétences professionnelles et leur expérience sont extrêmement sollicitées.
Question: Quelles sont, selon vous, les possibilités d’améliorer la situation?
Réponse: Nous en avons parlé plusieurs fois. L’absurdité de la situation est que (il y a des médias britanniques ici, ils me corrigeront si je me trompe), selon les déclarations des responsables britanniques on a l’impression que la Russie a refusé de coopérer avec les autorités britanniques. C’est ainsi que la situation est présentée. En même temps, la Russie a demandé aux autorités britanniques de fournir la moindre information avec laquelle nous commencerions un échange sur ce que vous voulez – d’avis, d’informations, de contacts, d’experts, de délégations. Nous avons proposé d’appliquer l’article approprié de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC). Tout cela a été envoyé unilatéralement de notre part aux autorités britanniques sans aucune suite ni réponse. Nous attendons toujours. Nous réaffirmons notre souhait d’obtenir de Londres des informations pour commencer à travailler sur ce thème, répondre aux questions, commenter, les poser directement par rapport à cette situation. Voilà quelle est l’issue. Il est impossible de frapper à une porte que n’est pas simplement fermée, mais qui est aussi barricadée de l’autre côté en s’enfuyant au dernier étage pour ouvrir la fenêtre et crier quelque chose. Nous attendons qu’on nous réponde. Il ne faut peut-être pas nous répondre sous la forme que nous demandons, il y a peut-être une autre forme. Si vous ne voulez pas répondre par une note: envoyez un expert, échangeons les avis, donnez-nous des échantillons, acceptez nos experts. Nous accepterons toute solution qui pourrait convenir. Mais tout n’a pas commencé par la fourniture d’informations, des questions ou une visite dans une organisation spécialisée, mais par un discours devant le parlement. C’est absurde, c’est un jeu devant le public national! Une histoire évidente dans laquelle il ne faut obtenir aucune explication, aucune information supplémentaire. Toute la position est déjà fixée et une déclaration est immédiatement faite au parlement. Souvenez-vous des trois discours d’affilée.
Je peux donner une réponse claire à votre question: pour débloquer cette situation tout est aujourd’hui entre les mains du Royaume-Uni sous la forme de nos requêtes auxquelles il est possible de fournir très calmement toutes les informations disponibles. Mais ils ne le font pas, ils les cachent et les rendent confidentielles. Ils ont donc une raison d’agir ainsi.
 
Question: La Russie reconnaîtra-t-elle les résultats de l’expertise de l’OIAC?
Réponse: Il m’est difficile de recommencer à en parler. Il y a le droit international, dans le cadre duquel ont été créés des instruments pour régler des situations difficiles, parfois tragiques et dangereuses. Il y a l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et sa Convention où sont inscrites toutes les méthodes et les règles pour réagir à ce genre de situations.

La première chose que nous avons faite est de nous tourner vers ces instruments. Nous voulons que la Russie soit impliquée dans le règlement de cette situation et dans l’enquête sur le dossier actuel. Dire comment nous prendrions ce qui pourrait être fait relève du domaine de l’hypothétique. Nous parlons de ce qui est concret. Il y a des articles de la Convention: appliquons-les. Il y a des experts russes qui peuvent commencer à travailler exactement de la même manière que les experts britanniques et les experts de l’OIAC. Quel est le problème? Pourquoi l’empêche-t-on? Vous comprenez? Moi pas. Nous ne comprenons pas du tout. C’est ça le problème. Nous ne constatons non seulement aucune volonté de coopérer, mais même aucune aspiration à accepter une coopération équitable et s’appuyant sur une base légale au niveau de l’OIAC.

Sommes-nous désormais en train de jouer au poker? Parlons-nous d’un jeu de cartes? Quelle carte tombera? Parlons-nous de ça ou de choses sérieuses? Ce n’est pas la peine de rouler des yeux et dire que vous l’avez déjà entendu. Nous l’avons entendu aussi, sauf que nous n’avons reçu aucune information à ce sujet. Et vous demandez si nous accepterons les résultats. Quels résultats? Obtenus sur quelle base? Savez-vous qui a été examiné? Et a-t-il été examiné? J’explique. Le fait est qu’il s’agit de citoyens russes. La Fédération de Russie peut attester leur identité. Qui a été présenté (s’ils ont été présentés) aux experts de l’OIAC? Pouvez-vous expliquer? Quels documents ont été montrés? Qui a été présenté et ont-ils été présentés? Vous le savez? Vous avez des informations? Nous n’avons rien.

Comment les experts d’une organisation internationale peuvent dire qui se trouve devant eux si, selon les fuites de la presse et la déclaration partielle de Theresa May, ces individus sont inconscients, ne peuvent pas parler et que leur état de santé “ne sera plus jamais comme avant”. Par conséquent, ces gens ne peuvent pas dire qui ils sont, ils ne peuvent pas s’expliquer et montrer des documents. Qui a été présenté aux experts de l’OIAC si un tel contact a eu lieu? C’est un jeu à l’aveugle. Vous demandez si nous accepterons les résultats dans cette tricherie absolue? Commençons d’abord un dialogue officiel.

Une question en retour: pourquoi n’acceptez-vous pas la déclaration des autorités russes affirmant que la Russie n’a rien à voir dans tout cela tout et veut seulement obtenir des informations? Soit c’est un jeu “comme toujours”, “à la-Irak”, soit une discussion sérieuse. C’est la même chose que si, à l’époque, quelqu’un était venu voir Colin Powell pour lui demander l’éprouvette. S’il l’avait donné, il n’y aurait pas eu cette guerre de dix ans et des centaines de morts. Mais tout le monde y a cru. Et vous demandez si nous allons y croire. A quoi? Aux éprouvettes? Commençons par l’élémentaire pour fixer la question de confiance. Commençons par la formule, par présenter le nom de la substance et son échantillon. Qu’y a-t-il de compliqué à cela? Avec les technologies actuelles, qu’y a-t-il de compliqué à transmettre à la Russie un échantillon de la substance?

Posez la question autrement: pourquoi le Royaume-Uni refuse-t-il de coopérer avec les autorités russes? Pourquoi? Personne ne connaît la réponse à cette question. On suppose seulement que cela fait partie du plan – simplement ne pas communiquer. Sans communiquer, on n’est pas obligé de présenter quoi que ce soit. On ne communique pas. Que devons-nous croire? Croire aux photos, à l’échantillon? Que doit-on avoir à l’issue? Une décision, une déclaration? De quoi? La comparaison du produit avec quelque chose? Que doivent confirmer à l’heure actuelle les représentants de l’OIAC? La similitude de la substance avec quoi? Avec une gamme d’autres produits qui se trouvent où? A partir des informations publiées ces trois dernières semaines, un produit de cette gamme peut déjà être fabriqué par un laboratoire moyen. Toutes les technologies sont publiées. S’il y a des informations, des documents sur la manière dont tout s’est passé – comment il a été importé, comment il est apparu – donnez au moins ça. Que devons-nous croire? Cette éprouvette montrée éternellement à bras tendu sous laquelle nous sommes tout le temps forcés de signer?

Nous avons parlé du Boeing malaisien. C’est une comparaison très forte. La situation est similaire. Ils ont immédiatement accusé puis nous les avons suppliés de ramasser tous les débris. On nous disait que suffisamment de débris avaient été ramassés. Nous avons indiqué qu’il en restait mais ils répondaient que cela leur suffisait, qu’ils n’en avaient pas besoin de plus.

Et une fois de plus, nous sommes accusés sans avoir accès à l’enquête. Qu’est-ce que c’est? La Malaisie n’avait pas non plus été admise au début, au cas où des questions se poseraient. Elle a été admise quelques mois plus tard. Devons-nous tout le temps croire le “bras tendu avec une éprouvette”? Nous avons déjà vu ce qui s’était passé quand le monde entier y a cru. Nous ne voulons plus croire. Nous voulons croire les preuves, plus exactement ne pas croire mais les analyser, nous voulons voir les informations, les données, la position officielle. Pour l’instant nous voyons un spectacle, une provocation et des déclarations politiques. Qui plus est, vous voyez la même chose. La seule chose qu’ils ont obtenu pour l’instant, c’est cette présentation. Rien d’autre n’a été montré. Six images, titre compris.

Question: Est-ce que la Russie lance actuellement des frappes aériennes dans la zone de désescalade à Idleb?

Réponse: Il faut adresser votre question au Ministère de la Défense.

Question:  Vous avez dit qu’on envisageait d’organiser un certain nombre de rencontres avec les parties prenantes au sujet de la péninsule coréenne. Est-ce qu’une visite du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho à Moscou est prévue? Connaît-on déjà la date approximative de ce déplacement et les questions qui seront évoquées?

Réponse: On ne peut pas exclure de tels contacts. Nous allons bien sûr confirmer les dates, les formats et le niveau. Pour l’instant tout est en cours d’élaboration, mais on peut dire qu’il s’agit aussi d’un avenir proche.

Question: Cette semaine, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi devait se rendre à Moscou mais sa visite a été reportée. Pouvez-vous expliquer pourquoi? Connaît-on la nouvelle date de la visite?

Réponse: Les raisons sont évidentes. Nous l’avons écrit: il s’agit de changements de calendrier des dirigeants russes dus au deuil national déclaré dans notre pays. C’est la seule raison. Nous l’avons annoncé et nous avons tout de suite publié un commentaire à ce sujet sur notre site. Nous sommes reconnaissants à nos partenaires chinois qui ont accueilli la décision de reporter la visite avec beaucoup de compréhension et ont exprimé leurs condoléances à la partie russe à tous les niveaux.

Question: L’ambassadeur américain en Russie Jon Huntsman n’a pas exclu la possibilité d’une saisie des actifs et des biens russes aux États-Unis en rapport avec l’empoisonnement de Sergueï Skripal. Comment la Russie est-elle prête à réagir? Saisirait-elle un tribunal si cela se produisait?

Réponse: Si cela se produisait, la situation serait analysée et une réaction appropriée suivrait. Franchement, je ne peux pas parler hypothétiquement de choses qui pourraient se produire.

Question: Tout d’abord, je voudrais exprimer mes sincères condoléances suite à la tragédie de Kemerovo. Comme on le sait, le président de la Commission des affaires de l’État de la Corée du Nord Kim Jong-un s’est rendu en République populaire de Chine du 25 au 28 mars. Comment évaluez-vous cet événement historique?

Réponse: Nous considérons tous les contacts entre les pays qui se déroulent sur la base de l’égalité et des intérêts mutuels comme un élément important des relations internationales. Nous pensons que toute activité dans la région susceptible d’atténuer les tensions sur la péninsule coréenne doit être saluée. Donc si cette visite portait entre autres cette dimension-là, on ne peut que la saluer, tout comme le fait même de la rencontre.

Bien évidemment, les visites et les échanges de délégations à tous les niveaux sont une prérogative exclusive des États souverains. Normalement, nous respectons la pratique diplomatique et ne les commentons pas puisque, je le répète, il s’agit d’États souverains. Mais dans ce cas de figure, nous considérons qu’une telle activité et la tenue d’événements au plus haut niveau pourraient contribuer au développement des relations bilatérales, mais aussi apporter un élément de plus dans le règlement de la situation sur la péninsule coréenne.

Question: Les diplomates russes expulsés des États-Unis et de Grande-Bretagne sont présentés comme des agents des services spéciaux. Dans quelle mesure ces formulations sont-elles correctes et que visent-elles?

Certaines publications occidentales, notamment de Bloomberg, présentent les événements à Kemerovo de manière assez provocatrice et ambiguë. À votre avis, ne s’agit-il pas d’une tentative de nos partenaires occidentaux d’instrumentaliser la situation à Kemerovo pour faire basculer la situation à l’intérieur de la Russie?

Réponse: Concernant la première question, à savoir à quoi sert l’expulsion de diplomates, j’en ai déjà assez parlé aujourd’hui. Ces personnes étaient accréditées auprès de différents États en tant que personnel diplomatique et jouissaient de l’immunité diplomatique. Je ne sais pas vraiment quoi dire d’autre à ce sujet.

Question: Le fait est qu’en le faisant, on les qualifie d’agents des services spéciaux.

Réponse: Encore une fois, il existe une pratique diplomatique. Si quelqu’un croit possible d’inventer des clichés et des étiquettes, il faut comprendre qu’il s’agit sans doute d’un élément d’une vaste campagne. Il s’agit de personnes que nous appelons traditionnellement “personnel diplomatique”. Bien sûr, toute l’agitation qui a été provoquée n’apportera rien de bien ni aux relations bilatérales avec les pays qui ont pris cette décision, ni aux relations internationales en général.
Quant à la couverture de la situation à Kemerovo par les médias occidentaux, je ne sais pas de quels contenus et de quel article spécifique de Bloomberg il s’agit. Il est répugnant que des gens essaient de profiter d’une tragédie pour faire avancer leurs propres intérêts politiques. Il n’y a pas d’autres mots. Il me semble que tout notre pays a frémi suite à cette tragédie, c’est évident. Sur le plan émotionnel, mais aussi en essayant de comprendre comment corriger les erreurs, comment trouver et punir les coupables et comment aider les gens à surmonter leur chagrin. Dans mes contacts personnels, dans mon entourage ou encore à la télé (que je regarde maintenant beaucoup, y compris la nuit), je n’ai vu personne qui ne soit sincèrement compatissant. Je vois que les gens changent de visage en parlant de Kemerovo, ils ont tout de suite les larmes aux yeux.
Je peux vous parler de notre équipe. Nous avons suivi les reportages avec un cœur plein d’angoisse. Je ne sais pas comment on peut dire que quelqu’un en Russie n’a pas été touché par cette situation. En même temps, il est vrai qu’à l’intérieur du pays on constate vraiment des tentatives de tirer parti de cette tragédie. Mais cela n’est rien en comparaison de l’horreur avec laquelle les gens de différentes opinions politiques ont vécu ces souffrances humaines. À mon avis, c’est évident. Je ne veux vraiment pas donner d’évaluation à cet article précis de Bloomberg. Peut-être que c’était un avis personnel ou un blog, mais je refuse tout simplement de croire que des journalistes puissent écrire des choses pareilles. Vraiment, je n’arrive pas à le croire.
Question: Aujourd’hui, vous avez beaucoup parlé du rapport, de la présentation, des “six diapos”. Est-ce que cela témoigne d’un certain niveau des analystes britanniques? Personne n’a même jugé nécessaire de présenter des arguments quelconques à l’appui de cette position?
Réponse: Il s’agit d’une très vaste campagne qui est en cours, dans laquelle tous les moyens sont bons. Ce n’est même pas la qualité de ces vidéos et de ces présentations qui témoigne de leur niveau intellectuel, mais les déclarations des responsables, notamment celle de Boris Johnson qui déclare au parlement qu’en signe de solidarité, l’ambassadeur russe a été expulsé de l’Union européenne tandis qu’en réalité c’est l’Union européenne qui a rappelé son ambassadeur auprès de la Russie. Voilà pour l’intelligence et le professionnalisme. Dans ce cas-là, la qualité n’est révélatrice que d’une chose: on ne mise pas sur l’argumentation mais sur la force. Pour eux, peu importe la qualité de la présentation, le nombre de diapos ou encore le fait qu’il y a deux semaines, ils disaient publiquement que l’implication de la Russie était “fort probable”, tandis que sur ces diapos ils affirment que la Russie est cent pour cent coupable. À quoi bon s’en soucier? Cela n’a aucune importance. Ils misent sur la force, leur idée est de faire pression, de pousser, de forcer pour que tout le monde se solidarise et agisse en bloc. Cela prouve tout simplement qu’ils misent sur une main forte et sur un partenaire fort tel que les États-Unis.
Question: Nous avons envoyé nos condoléances après Kemerovo… Mais je voudrais revenir en 2003…
Réponse: Je tiens à vous remercier pour vos condoléances.
Question: En 2003, 43 personnes ont été brûlées vives au foyer d’étudiants de l’Université russe de l’Amitié des Peuples. Apparemment, aucune leçon n’a été tirée. Trois ou quatre personnes ont été condamnées à six ans de prison, on leur a donné deux ou trois ans. C’est ridicule. Aujourd’hui, nous sommes en 2018 et nous ne savons même pas ce qui s’est passé. Apparemment, aucune conclusion n’a été tirée si une telle tragédie a pu se reproduire. Peut-être serait-il temps de revenir à la peine de mort en Russie?
Réponse: La Russie reste fidèle à ses engagements.
Question: L’été dernier, le métochion bulgare a dû faire face à une tentative de s’emparer d’une partie de son territoire. D’abord, un terrain de football y a été construit, puis un club de fitness. En même temps, le Président turc Recep Tayyip Erdogan a fait reconstruire une église bulgare à Istanbul. Ne pensez-vous pas que, finalement, le Président turc fasse plus pour rétablir et renforcer l’orthodoxie que notre pays frère, la Russie?
Réponse: Nous avons déjà répondu à cette question. Je peux vous fournir des informations supplémentaires à ce sujet. Il ne s’agit pas de ce que je pense ou je ne pense pas personnellement. Je peux me renseigner pour avoir des informations officielles.
Question: Est-ce que la Russie peut et veut prendre des mesures pour faire revenir ses ressortissants Sergueï Skripal et Ioulia Skripal? Si le Royaume-Uni ne donne pas d’informations sur leur état de santé, est-ce que cela veut dire qu’ils sont pris en otage? Y-a-t-il des mécanismes juridiques internationaux pour assurer leur retour en Russie?
La Bulgarie possède d’ailleurs une enquête beaucoup plus vaste et crédible que celle du Royaume-Uni. La journaliste bulgare Mme Gontangené a étudié les activités chimiques et biologiques des États-Unis. Il y a quelques jours, les résultats ont été publiés en russe et en anglais. J’espère que les experts tiendront compte des faits présentés dans cette étude très profonde et sérieuse de notre journaliste. Selon les résultats de cette enquête, le refus du Royaume-Uni de coopérer s’explique par le fait que les États-Unis et le Pentagone financent de manière très importante le laboratoire de Porton Down.
Qui est donc aujourd’hui responsable du contrôle des armes chimiques? L’enquête que je viens d’évoquer présente des faits qui laissent penser que le gaz “Novitchok” pourrait ne pas être celui que l’on croit et que ce sont ceux qui accusent la Russie qui seraient impliqués dans l’empoisonnement. L’enquête fournit des documents, des contrats du Département de la Défense des États-Unis. Que les experts s’en occupent.
L’Onu peut-elle convoquer une réunion d’urgence pour faire la lumière sur l’ “affaire Skripal”? Dans ce cas-là, il n’y aura pas besoin de forcer d’autres pays à faire preuve de solidarité.
Permettez-moi de vous rappeler que la Bulgarie a déclaré qu’elle n’allait pas expulser les diplomates russes et qu’elle n’a pas changé sa position.
Réponse: La Russie a demandé à la partie britannique de lui accorder un accès à ses citoyens et n’a reçu aucune réponse par la voie diplomatique. Nous en parlons publiquement.
Quant à l’enquête bulgare que vous avez évoquée, j’en prendrai volontiers connaissance. Pour l’instant, je n’ai aucune information.
Concernant l’engagement des organisations internationales, nous en avons parlé dès le début. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) fait partie du système de l’Onu. Nous considérons que les Nations Unies disposent de tous les mécanismes nécessaires pour un examen complet et compétent de ce genre d’incidents, qui doit être basé sur la compréhension du cadre juridique de telles enquêtes et non sur l’usage de la force et sur la répression de la dissidence. Nous sommes très intéressés par le fait de savoir ce qui s’est passé à Salisbury. Nous ne voulons vraiment pas que cela reste une autre histoire policière inachevée sur le territoire britannique.
Question: Aujourd’hui, vous avez évoqué l’anniversaire des bombardements de la Yougoslavie. Nous savons à quoi cela a abouti.
Réponse: C’est vous qui le savez. Je ne suis pas sûre que Sky News voie ces bombardements de la même manière. C’est bien évident. Aujourd’hui, plus personne ne sait qui a déclenché la Seconde guerre mondiale. J’ai regardé les sondages de l’opinion publique menés dans les rues des États-Unis: ils sont persuadés que c’était l’Union soviétique. Ils le pensent sincèrement. De quoi on parle? Quel Belgrade? La BBC est présente dans la salle, il y a encore de l’espoir car le journaliste est russe. Ce qui s’est passé en Europe, où l’uranium a été utilisé et les enfants mouraient dans de terribles souffrances – ils ne le savent pas. Par contre, ceux qui viennent à Belgrade le savent très bien. Quand vous venez à Belgrade, même sans connaître l’histoire, vous comprenez quand même de quoi il s’agit – ils ont laissé le bâtiment du Ministère de la Défense et quelques autres bâtiments tels qu’ils étaient après les bombardements. Les Chinois le savent bien aussi, par exemple, parce que ces bombardements ont fait plusieurs morts parmi les diplomates chinois. Et pour tous les autres, à quoi bon s’en souvenir? Ce n’est qu’un épisode de l’histoire qui relève du passé, et puis c’est tout. Cela a commencé comme une provocation et a fini comme une tragédie.
Lors de la conférence de presse conjointe du Ministère russe des Affaires étrangères, du Ministère russe de la Défense et du Ministère russe de l’Industrie et du Commerce organisée pour les ambassadeurs étrangers le 21 mars, un représentant de l’ambassade de Serbie à Moscou a dit que cette tragédie ne relevait pas que du passé quand des gens sont morts, ont perdu leurs proches, quand ils ne savaient pas comment continuer à vivre, comment marcher dans les rues de cette capitale européenne qui avait subi des bombardements lancés par leurs propres partenaires de la même famille européenne. L’uranium qui a été utilisé dans ces bombes a contaminé le territoire, ce qui a provoqué une flambée colossale des cancers.
Question: La question de savoir comment continuer à vivre reste toujours très pertinente en Serbie. Après les bombardements, la résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l’Onu a été adoptée, le contingent de l’Otan a été déployé sur le territoire du Kosovo. Un contingent russe a été déployé aussi, puis il a quitté le territoire du Kosovo. Aujourd’hui il y a toujours des Serbes qui vivent sur ce territoire, et leur sécurité devrait être la responsabilité des pays occidentaux.
Réponse: Le Kosovo fut globalement une terrible aventure. C’était une histoire unique relative à la confiance. Quelques années après, les Américains ont unilatéralement formé une coalition de solidarité, séparant une partie d’un État souverain et créant sur ce territoire un quasi-État sans le consentement du gouvernement légitime. Ceci malgré le fait qu’il y avait une enquête sur les crimes et les déclarations de Carla Del Ponte faites à titre officiel et non personnel.
Malgré d’innombrables témoignages qui décrivaient les choses ignobles qui avaient eu lieu là-bas, le Kosovo a reçu une certaine forme étatique. Quelques années plus tard, Barack Obama, président américain à l’époque, a dit que tout était juste et légitime au Kosovo car il y avait eu un référendum. De quelle confiance parle-t-on? Celui qui ne croit pas le président américain va souffrir. C’est une confiance imposée par la force. Il n’y a pas eu de référendum – maintenant, il y en aura un. Maintenant, cela fait déjà partie de la nouvelle réalité.
Question: Il y a trois jours, dans le nord du Kosovo, sans aucune raison apparente, il y a eu une brusque résurgence de violence contre les habitants serbes. Comment continuer à vivre? Une mission européenne et le contingent de l’Otan y sont déployés pour assurer la sécurité. Y a-t-il des documents internationaux quelconques? Qu’est-ce que les Serbes doivent faire si ces documents ne sont pas respectés?
Réponse: Nous l’avons déjà commenté plusieurs fois. Récemment, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est rendu à Belgrade. Le site officiel du ministère a publié des matériaux concernant notre vision de l’évolution de la situation.
Lors de la prochaine conférence de presse, je m’arrêterai sur ce sujet en détail.