La Russie a plusieurs fois transmis aux autorités britanniques, via les canaux officiels, ses propositions concernant la coopération dans l’enquête sur l’empoisonnement prétendu de ressortissants russes, ainsi que ses demandes de présenter des informations sur leur état et évidemment sur les circonstances de l’incident. Les notes appropriées ont été envoyées par l’Ambassade russe à Londres les 6, 13, 14 et 22 mars.
Malheureusement, les Britanniques préfèrent ignorer les demandes légitimes de la Russie et ses propositions de coopérer, ou envoient des réponses peu correctes. Je ne parle même pas d’erreurs factuelles ou de fautes d’orthographe. On a l’impression que ces messages ont été écrits par des enfants en bas âge. Il s’agit d’un griffonnage difficile à déchiffrer, sans parler du sens. Ainsi, le message adressé à l’Ambassadeur russe à Londres Alexandre Iakovenko, qui aurait dû contenir des informations sur l’état des Skripal, parle de l’état de l’Ambassadeur-même. Encore une fois, il ne s’agit pas d’une erreur factuelle mais d’une volonté préméditée d’ajouter de l’absurdité à la situation – ou d’un analphabétisme total des Britanniques.
Qui plus est, nous constatons que des obstacles sont dressés pour empêcher l’accès des représentants de la Russie aux citoyens russes. Ainsi, le Royaume-Uni viole ouvertement et sans ambages les normes du droit international, notamment la Convention consulaire de 1968 entre l’URSS et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Je voudrais rappeler que l’article 36 de ce texte contient les clauses suivantes: a) “Un fonctionnaire consulaire a le droit, dans le cadre de sa circonscription consulaire, de rencontrer tout citoyen de l’État qu’il représente, de lui donner des conseils et tout le soutien approprié, y compris une aide juridique si nécessaire”; b) “L’État de séjour ne peut limiter en aucune façon les contacts entre un citoyen de l’État représenté et le consulat, ainsi que son accès au consulat”. Ce texte a été écrit en 1968 – ce dont témoigne son style. Je voudrais souligner encore une fois que personne n’a annulé ce document. Nous constatons donc que la Grande-Bretagne fait preuve – à plusieurs reprises – de nihilisme juridique.
Fait suspect: des empoisonnements et des morts mystérieux ont régulièrement lieu sur le territoire de cet État concret, dont les autorités accusent traditionnellement des forces extérieures, déploient une propagande active et classent les enquêtes. D’un côté, on ne présente pas au grand public les conclusions et les résultats des enquêtes et des tribunaux, mais ceux des décisions politiques. De l’autre, on ne montre à l’opinion publique aucune preuve réelle, mais des articles ou des images publiés récemment par les médias. La Grande-Bretagne a donc un bagage lourd de meurtres non-élucidés de ressortissants russes et de citoyens britanniques.
Pas besoin d’aller loin pour trouver un exemple. Souvenez-vous de la mort mystérieuse du scientifique David Kelly, qui avait révélé le mensonge de Londres concernant la présence prétendue d’armes chimiques en Irak.
Nous rédigerons et publierons prochainement, sur les pages de l’Ambassade russe au Royaume-Uni, la liste de nos questions aux Britanniques. Elles ont été transmises via les canaux officiels et ont été plus d’une fois formulées par l’Ambassadeur russe à Londres Alexandre Iakovenko. Londres accuse sans cesse la Russie de ne présenter aucune information et de ne pas prouver son innocence. Je voudrais rappeler que dès que nous avons appris l’existence de l’affaire Skripal dans les médias et consulté les faits – je ne peux même pas dire qu’il s’agit de faits – publiés par les médias, nous avons immédiatement tenté d’établir un contact avec les Britanniques. Ils ont pourtant sciemment évité tout contact avec l’Ambassade russe. Nos messages vocaux ou écrits, ainsi que les appels téléphoniques de l’Ambassade russe à Londres n’ont pas permis d’obtenir ne serait-ce que des données de base sur ces événements.
Nous avons été obligés d’apprendre dans les médias la date et l’heure de l’incident, le nombre de personnes impliquées, le dommage qu’elles avaient subi et leur état actuel.
Nous avons évidemment constaté et observons toujours la “performance” incessante des politiciens britanniques, qui vise des objectifs politiques et est destinée à l’establishment politique intérieur. Comment peut-on obtenir les informations nécessaires si le Ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, le Ministre de la Défense Gavin Williamson et la Première Ministre Theresa May ne parlent pas aux représentants russes mais se limitent à des slogans politiques prononcés devant le parlement de leur pays?
Comme je l’ai dit, les médias ont publié les fameuses informations qui ont été présentées pendant un briefing à huis clos (close aux représentants russes) à l’Ambassade du Royaume-Uni à Moscou. Je voudrais le souligner de nouveau: c’est une preuve de plus que le Royaume-Uni exclut intentionnellement la Russie de la liste des États auxquels on fournit la moindre information.
Les représentants russes n’ont été ni invités ni admis au briefing à l’Ambassade du Royaume-Uni à Moscou.
Dans les “accusations” reposant à la base de cette présentation, on reprend les mêmes accusations visant la Russie, qui sont exprimées de manière générale et ne sont appuyées par aucune preuve réelle. Mais le plus intéressant est que la liste de reproches envers la Russie formulée par nos collègues britanniques grandit de manière exponentielle. Je voudrais vous montrer des diapositives.
Le 14 mars, dans une vidéo propagandiste du Foreign Office, notre pays a été accusé au total de 8 faits d'”agression étatique russe”. Je répète à nouveau que c’est la présentation qui a été publiée par le Ministère britannique des Affaires étrangères le 14 mars. Il y a 8 points sur lesquels le Royaume-Uni formule des reproches vis-à-vis de la Russie. Mais déjà 12 faits étaient exposés dans les informations présentées pendant la conférence de presse à huis clos à Moscou. Seulement 10 jours plus tard. Ça ne colle pas. De quoi peut-on parler? Sur quoi tabler, partir de quoi? Nous n’analysons même pas l’absurdité des accusations: il est question de la qualité des informations fournies. Visiblement, de nouvelles accusations visant la Russie sont apparues dans la perspective historique après des consultations avec le “grand frère”.
Les formulations des accusations ont également changé concernant, par exemple, la prétendue “agression” russe contre la Géorgie en août 2008. Ainsi, le 14 mars, la Russie a été accusée d’irrespect de l’intégrité territoriale de la Géorgie, et les fameuses images présentées récemment indiquent que cette fois nous sommes accusés d’avoir envahi le territoire géorgien.
Entre autres, l’inclusion de l’attaque du Bundestag en 2015 à la liste grandissante des reproches britanniques est particulièrement consternante. Chers collègues, nous voudrions vous rappeler que nous avons attaqué le Bundestag une seule fois: en 1945 pour libérer Berlin de la peste nazie. A l’époque, il s’appelait encore Reichstag.
Quant à “l’affaire Lisa” mentionnée et la prétendue campagne de désinformation contre l’Allemagne, nous voudrions souligner que cette question a été réglée précisément au format bilatéral entre Moscou et Berlin. Ce thème était activement évoqué pendant les entretiens entre le Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Ils l’ont abordé publiquement et officiellement. Contrairement à ce que montre le Royaume-Uni, après l’apparition de cette information l’Allemagne a ouvert une véritable enquête sur cette affaire. Je voudrais rappeler à ceux qui ont fait du “clipping” à partir de cette histoire que les représentants officiels des ministères des Affaires étrangères de la Russie et de l’Allemagne ont fait des déclarations appropriées quand l’enquête sur cette “affaire Lisa” s’est terminée, que le procès a eu lieu et que l’accusé a été condamné. L’affaire s’est arrêtée là.
Alors pourquoi faites-vous maintenant de la désinformation classique? Je rappelle à ceux qui l’ont oublié qu’il y a eu une décision du tribunal allemand condamnant l’individu poursuivi pour des inculpations qui ont été confirmées: il a effectivement commis des crimes qui ont fait l’objet d’une enquête rigoureuse des forces de l’ordre allemandes.
En fait, nous sommes surpris que ces informations soient présentées comme des preuves “très tangibles” de la responsabilité de la Russie dans l’incident de Salisbury. Des dessins énumèrent les “péchés” de la Russie – c’est évidemment un “nouveau pas” dans l’argumentaire et la construction de la base de preuves.
Quand nous avons attiré l’attention sur la publication de ces informations dans les médias, le Ministère britannique des Affaires étrangères nous a remerciés sur Twitter. Vous vous imaginez? Personne n’a répondu à nos quatre notes diplomatiques. Personne ne nous a informés de l’état des citoyens russes. Nous n’avons reçu aucune information. Sachant que ce comportement est motivé par le fait qu’ils ne jugent pas utile de communiquer avec la Russie. Mais ils nous ont remerciés sur Twitter. C’est du très grand cynisme!
Merci? De rien. A notre tour, nous remercions le Ministère britannique des Affaires étrangères d’avoir distribué ces informations à l’ambassade britannique pendant un briefing à huis clos pour des ambassadeurs accrédités à Moscou. Personnellement, j’en doutais. Mais vous l’avez fait. Vous avez reconnu que c’était la fameuse base de preuves dont parlait l’Ambassadeur des USA à Moscou Jon Huntsman. Je doute que vous l’ayez fait consciemment, comme tout ce que vous faites, les lapsus que vous commettez. Je pense que vous nous avez remerciés et avez reconnu que c’étaient ces images, de votre point de vue, qui constituaient une “preuve tangible” simplement par erreur. Mais vous l’avez fait. Et cela restera à jamais dans votre histoire.
Maintenant que le monde entier a vu ces “preuves tangibles”, la diffusion d’informations a commencé à travers la machine propagandiste, des sources anonymes, des experts, et des faux comptes sur les réseaux sociaux selon lesquelles les accusations principales et cette fois irréfutables auraient prétendument été annoncées par l’Ambassadeur du Royaume-Uni en Russie pendant sa conférence de presse.
J’ai peur d’imaginer quelles sont ces preuves irréfutables de la culpabilité de la Russie si nos collègues britanniques ont peur de les annoncer en présence d’un représentant du Ministère russe des Affaires étrangères qui n’a été ni admis ni invité à cette conférence de presse. Bien évidemment, ce à quoi nous assistons aujourd’hui est un fake total et absolu de niveau mondial.
Je voudrais dire que la machine propagandiste travaille déjà à plein régime. Hier déjà, sur les radios financées avec l’argent des contribuables américains, les experts de centres analytiques, également financés avec l’argent des contribuables américains, ont commencé à prouver tous en cœur qu’évidemment il est inutile d’évaluer directement ou sérieusement ces preuves parce que tout est déjà clair.
L’un des experts (je répète, non pas des médias russes mais américains, qui sont entretenus avec l’argent américain) s’est demandé: pourquoi faut-il des preuves puisqu’un tel nombre de pays a déjà soutenu le Royaume-Uni? Et d’ajouter, je cite: “Vous pensez vraiment que le monde entier est idiot et que la Russie est la seule à être intelligente?” Notez, ce n’est pas le Ministère russe des Affaires étrangères qui l’a dit mais un expert qui travaille dans un centre analytique américain. Et vous savez: oui, cela arrive, et ce fut le cas avec l’Irak. Ce fut le cas quand nos partenaires occidentaux, Washington et Londres ont présenté au monde entier l’éprouvette et que le monde entier y a cru parce que cette éprouvette avait été présentée au Conseil de sécurité des Nations unies.
10 ans plus tard, tout le monde a compris (pardonnez-moi, je cite l’expert du centre Carnegie) qu’ils étaient des “idiots”, et ces derniers ont présenté leurs excuses pendant longtemps. Toutefois, il est impossible de ressusciter les morts.
Le 14 mars, la Première ministre britannique Theresa May a déclaré que les représentants officiels et les membres de la famille royale ne viendraient pas à la Coupe du monde de football 2018 en Russie.
Le 21 mars, le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, en répondant aux questions des membres du comité parlementaire pour les affaires internationales, a reconnu que la Coupe du monde prévue en Russie pouvait être comparée aux Jeux olympiques de 1936 sous le IIIe Reich. “J’ai peur que ce soit absolument exact, absolument exact, a commenté Johnson. Oui, votre description de ce qui se passera à Moscou pendant la Coupe du monde, sur tous les stades… Oui, je pense que la comparaison avec 1936 est absolument pertinente.”
Monsieur Boris Johnson, de quoi parlez-vous? Essayons de comprendre.
Premièrement. Vous parlez peut-être de sport? Si vous parlez de sport et de l’organisation d’événements internationaux dans le domaine du sport, ainsi que du niveau d’organisation des Jeux olympiques, force est de constater qu’à l’époque le Comité international olympique (CIO) avait officiellement noté le niveau élevé de la préparation et du déroulement de ces JO.
Nous avons consulté les archives et avons trouvé les dépêches de l’Ambassadeur soviétique. L’Ambassadeur soviétique Iakov Sourits, dans son rapport pour Moscou, était d’accord avec l’appréciation du CIO sur l’ordre et la bonne organisation des Jeux olympiques.
Deuxièmement. Peut-être que le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson ne parlait pas du sport ni de l’organisation de l’événement sportif. Mais alors de quoi parlait-il? On soupçonne qu’il parlait de la situation politique en Allemagne à l’époque et de l’attitude de la classe politique britannique envers les événements. Nous voudrions rappeler à Boris Johnson et aux Britanniques le niveau de représentation officielle du Royaume-Uni aux JO de 1936, quelles personnes représentaient ce pays à Berlin. Nous avons réussi à retrouver la brochure officielle publiée en Allemagne en 1936 “Les invités d’honneur des 11e Jeux olympiques”, que j’ai entre les mains. Honnêtement, tout ce qui est lié à cette époque, aux événements et à la situation politique, notamment ce que je suis dégoûtée de tenir dans mes mains, est une sorte d'”écho” du passé. Mais il a fallu étudier tout cela.
Alors, qui représentait le Royaume-Uni aux Jeux olympiques de 1936?
1. Lord Portal de Laverstoke, Président du Comité olympique national du Royaume-Uni;
2. Capitaine Evan Hunter, Secrétaire général du Comité olympique national du Royaume-Uni;
Des représentants britanniques au Comité international olympique:
1. Lord Aberdare
2. Lord David George Burghley, Marquis d’Exeter
3. Sir Noel Curtis Bennett
Des fédérations sportives internationales:
1. William Jones, Secrétaire général de la Fédération internationale de basketball;
2. Sir William P. Burton, Président de la Fédération internationale de voile;
3. Commandant Heckstall Smith, Secrétaire général de la Fédération internationale de voile.
Cela signifie seulement que les personnes mentionnées ont participé aux activités officielles liées aux JO, qu’elles étaient présentes dans les stades et à l’ouverture, et qu’elles ont activement communiqué avec les autorités locales en 1936 à Berlin.
Contrairement aux représentants du corps diplomatique accrédités à l’époque en Allemagne, qui ont assisté aux activités dans le cadre des engagements liés à leurs fonctions, les membres de l’establishment britannique mentionnés dans la brochure sont venus en Allemagne de leur plein gré. Je voudrais souligner à nouveau qu’ils sont venus à Berlin chez Hitler en 1936 en tant que représentants de l’establishment britannique, membres de la chambre des lords, aristocrates.
Je voudrais rappeler qu’en 1936 l’Allemagne était déjà “empoisonnée” par l’idéologie que l’on sait. Je ne parlerai pas de l’atmosphère politique qui y régnait. Je voudrais rappeler qu’à l’époque déjà existait le système des camps de concentration pour les opposants au régime nazi, les éléments asociaux, les personnes condamnées et d’autres catégories de citoyens, et que les lois raciales de “Nuremberg” étaient déjà en vigueur.
Il faut dire que jusqu’en 1952, quand se sont déroulés les JO d’été en Finlande, l’Union soviétique ne participait pas aux Jeux olympiques. L’URSS avait ignoré les JO de Berlin. La non-participation d’équipes soviétiques aux JO à l’époque s’expliquait par plusieurs raisons politiques et idéologiques, ainsi que par le fait que le CIO refusait les contacts directs mais tenait en haute estime l’organisation des JO à Berlin. Le Comité national olympique de l’URSS a été fondé le 23 avril 1951. Je n’approfondirai pas dans l’histoire, vous pouvez le faire vous-mêmes.
Monsieur Boris Johnson, ne trouvez-vous pas honteuse et, comme vous aimez de dire, “nauséabonde” la participation d’un tel nombre de responsables britanniques à l’ouverture des JO de 1936? Qu’est-ce que tous ces lords et personnalités sportives britanniques faisaient chez Hitler? Parlez-en à votre pays.
Dans un discours prononcé le 28 mars, le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a comparé l'”affaire Skripal” à l’action décrite dans le roman de Fedor Dostoïevski Crime et châtiment.
“Cela ressemble plutôt au début de Crime et châtiment dans le sens où nous sommes tous convaincus de l’identité du coupable, et que la question est seulement de savoir s’il l’avouera ou s’il se fera prendre”, stipule le discours de Boris Johnson publié sur le site officiel du Ministère britannique des Affaires étrangères.
Boris Johnson, dites, avez-vous lu Crime et châtiment jusqu’à la fin ou vous êtes-vous arrêté au début? Puisque vous avez mentionné l’œuvre de Fedor Dostoïevski, tournons-nous vers la figure et les pensées de l’enquêteur Porfiri Petrovitch qui est très rigoureux et, contrairement à vous, a mené rigoureusement l’enquête sur l’assassinat de l’usurière et de sa sœur. Contrairement à vous, nous avons lu Dostoïevski, nous l’aimons et le connaissons.
“Cent lapins ne font jamais un cheval, cent soupçons ne font jamais une preuve; c’est ce que dit un proverbe anglais, et ce n’est que du bon sens. Il faut essayer d’autre part de maîtriser ses passions, car le juge d’instruction est un homme comme les autres.”
Spécialement pour Boris Johnson, voici la citation de Fedor Dostoïevski traduite en anglais: “From a hundred rabbits you can’t make a horse, a hundred suspicions don’t make a proof”. Boris, lisez Fedor Dostoïevski. Cela vous serait utile.
“Vous dites: il y a les preuves, eh bien, les preuves? Mais les preuves, petit père, c’est une arme à double tranchant la plupart du temps! Et puis, moi, je suis un juge d’instruction, donc un homme; j’avoue que l’envie me prend de présenter l’affaire avec une clarté mathématique, de trouver une telle preuve, qu’elle ressemble à deux fois deux font quatre! Je voudrais qu’elle soit une démonstration directe et indiscutable!” C’est aussi de Fedor Dostoïevski – les propos de Porfiri Petrovitch.
A cet égard je rappelle que les autorités britanniques, en négligeant toutes les normes du droit international, ont très hâtivement annoncé l’implication de la Russie dans l’empoisonnement sans enquête ni preuves. Londres n’a toujours pas présenté la moindre preuve ni même décrit le tableau concret des faits. Si vous avez d’autres informations: présentez-les.
De nombreuses accusations ont été proférées envers la Russie, comme quoi elle empoisonnerait ses propres citoyens, utiliserait l’arme chimique… Une vaste campagne politique et médiatique a été lancée. Encore une fois, je voudrais souligner que la Russie n’a rien à voir avec cet incident et ne possède aucune information officielle de la part de Londres.
Quitte à tracer de tels parallèles littéraires, l’ex-premier ministre britannique Tony Blair pourrait jouer le rôle de Raskolnikov, qui a pris la décision de lancer l’agression contre l’Irak en 2003 sous prétexte de la présence de l’arme de destruction massive dans ce pays. Tout le monde savait déjà qu’il n’y avait pas d’armes. Puis Tony Blair a présenté ses excuses, il s’est repenti et a avoué. Je rappelle les propos de Tony Blair: “J’assume l’entière responsabilité de toutes les erreurs sans exception, sans aucune justification… J’exprime un très profond regret concernant les victimes (de l’opération en Irak) et j’exprime mon soutien à nos forces armées…”
Monsieur Boris Johnson, trouverez-vous la force et le courage de vous repentir de l’absence de la moindre preuve de la culpabilité de la Russie concernant son éventuelle implication dans l’empoisonnement qui a eu lieu sur le territoire britannique?
Nous avons remarqué un grand nombre d’articles dans les médias russes et tchèques mentionnant l’expulsion de nos diplomates de Tchéquie. La raison invoquée est la déclaration du Ministère russe des Affaires étrangères selon laquelle, parmi les États qui auraient pu fabriquer la substance chimique “Novitchok”, figurerait la République tchèque. Il y a eu de nombreuses insinuations et déclarations officielles à ce sujet.
Compte tenu de l’intérêt particulier porté à ce thème et globalement au thème des Skripal, je voudrais rappeler que l’aide-mémoire expliquant la situation réelle dans l'”affaire Skripal” publiée le 21 mars sur le site officiel du Ministère russe des Affaires étrangères stipule: “Il faut expliquer pourquoi, dans “l’affaire Skripal”, c’est la Russie qui a été accusée de manière absolument infondée alors que des élaborations sous le nom de code occidental “Novitchok” étaient menées au Royaume-Uni, aux USA, en Suède et en Tchéquie. Les résultats obtenus par ces pays pour la création de nouvelles substances de ce type sont reflétées dans plus de 200 sources ouvertes des pays de l’Otan”. C’est notre position officielle. On a commencé à tirer des conclusions en disant que nous portions des accusations. Il n’y avait aucune accusation, et c’est ce qui a été dit dans cette salle. Il y avait des faits. On nous a posé des questions, notamment à travers les médias, sur les articles dans les sources ouvertes. Essayons de comprendre de quoi nous parlons concrètement.
Ce n’est ni un secret ni une découverte: c’est une information basique pour ceux qui connaissent l’histoire de l’Organisation du Pacte de Varsovie. La Tchécoslovaquie, et à présent la Tchéquie, dispose toujours d’une industrie chimique développée. Le potentiel scientifique dans ce domaine était déjà sollicité quand la Tchécoslovaquie était membre du Pacte de Varsovie. A l’époque, au sein de cette Organisation, Prague assumait une responsabilité particulière dans le domaine de la protection chimique dans le cadre du Bloc de l’Est.
Dans tous les médias (vous pouvez trouver ces articles) il y a des publications indiquant qu’après la dissolution du Pacte de Varsovie, le potentiel scientifique tchèque en la matière était très sollicité par ses nouveaux partenaires occidentaux et au final, dans un certain sens, a été hérité par les structures de l’Otan. L’unité de protection chimique de l’armée tchèque a effectué plusieurs missions spéciales au Moyen-Orient. En particulier, des militaires tchèques se sont rendus en Irak pour pallier les conséquences de l’utilisation de l’arme de destruction massive au Koweït. C’est une information absolument ouverte.
Les publications des médias sur l’activité des centres scientifiques de la République tchèque menant des programmes de recherche dans le domaine des substances toxiques militaires permettent aux experts de conclure qu’une place importante est occupée, dans ces recherches, par les substances neuro-paralytiques regroupées sous le nom de code occidental “Novitchok”.
A la tête de ces travaux se trouve le Département de toxicologie et de pharmacologie militaire de la Faculté des disciplines médico-sanitaires militaires de l’Université de défense de la Tchéquie, l’Institut de protection contre les armes de destruction massive de la même Université, ainsi que la Section de protection contre les armes de destruction massive de l’Institut de recherche militaire. Le 31e régiment de protection radiologique, chimique et biologique des forces armées tchèques est en coopération étroite avec ces structures et remplit notamment la tâche de fournir des informations nécessaires sur l’usage de substances chimiques obtenues durant la présence de militaires tchèques au Moyen-Orient. Je répète que ces informations se trouvent en accès libre sur internet. Il y a une réaction officielle aux faits concrets, que vous pouvez demander aux autorités tchèques.
Les projets scientifiques les plus importants dans le domaine des substances toxiques militaires sont menés par le Département mentionné, dont les collaborateurs disposent d’équipements scientifiques uniques de leur propre conception prévus uniquement pour étudier les conséquences de l’usage de substances toxiques militaires à action neuro-paralytique. Le laboratoire dispose d’appareils de pointe pour étudier les troubles du système nerveux et des tissus organiques suite à l’intoxication toxicologique d’êtres vivants avec des substances toxiques.
Un secteur à part des recherches des toxicologues tchèques est l’élaboration d’antidotes, ainsi que d'”éléments liants” et de ferments pour absorber les composantes des substances toxiques à action neuro-paralytique avant qu’elles n’atteignent les organes vitaux de l’homme.
Les travaux de recherche des autorités tchèques sont menés en coopération étroite avec les structures compétentes des pays de l’Otan. Pour ces recherches, des scientifiques tchèques ont déjà reçu trois fois des prix du Comité scientifique de l’Otan ces dernières années. La participation de spécialistes militaires américains au travail des centres scientifiques tchèques a été remarquée.
Il faut noter également l’activité, sur le territoire de la République tchèque, du centre otanien pour la protection contre les armes de destruction massive de Vyškov (Moravie du Sud) jouant le rôle de principale structure de recherche de l’Alliance en la matière. Le centre a été ouvert le 22 novembre 2007 sur la base de l’Institut tchèque de protection contre les armes de destruction massive de l’Université de la défense sur le territoire de laquelle se trouve cette structure. Le “noyau” du centre au début de son activité, selon les médias, était constitué de 63 spécialistes de 8 pays de l’Otan – Royaume-Uni, Allemagne, Grèce, Italie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Tchéquie. Cette année, des spécialistes militaires du Canada doivent se joindre aux projets du centre, qui réalisent déjà plusieurs programmes spécialisés communs avec la Tchéquie. Toutefois on ignore tout du niveau de subordination du centre aux autorités tchèques aussi bien en ce qui concerne ses propres élaborations que dans le contexte des matériaux à sa disposition, y compris éventuellement des substances toxiques militaires non prises en compte. Cette “internationale” ne rappelle rien quand on nous parle de solidarité? Voilà, entre autres, ce sur quoi elle s’appuie.
Le 23 mars, le Magazine médical scientifique militaire (nous aimons lire les journaux), se référant à de nombreuses sources occidentales, y compris les publications scientifiques, a publié un article contenant des informations détaillées sur les substances chimiques militaires à action neuro-paralytique classées dans les pays occidentaux sous le nom de “Novitchok”. D’après les informations citées par l’article, la famille des analogues du “Novitchok” compte plus de cent versions structurelles. Il est évident que la libre possession par les chimistes tchèques d’informations concrètes sur les caractéristiques des substances toxiques militaires de classe “Novitchok”, des éventuelles technologies de leur production, de la symptomatique et des conséquences de leur utilisation témoigne d’une large accessibilité de cette information et remet en question les affirmations des autorités britanniques concernant la possession exclusive par la Russie d’élaborations et de connaissances technologiques à ce sujet.
Le jour même, une autre publication tchèque, Lidové noviny, a fait paraître un article admettant, se référant aux scientifiques tchèques (anonymes, bien sûr), l’éventualité que des centres de recherche tchèques, dans le secret le plus total, élaborent des substances toxiques militaires de type “Novitchok”. La source a précisé que ces travaux étaient certainement orientés sur la création de méthodes efficaces de protection contre les substances toxiques. Mais peut-il y avoir d’autres objectifs que la protection?
Par conséquent, personne n’a accusé ni accuse Prague de quoi que ce soit. Nous n’avançons aucune accusation, contrairement aux collègues britanniques, qui plus est de cette manière. Nous disons seulement que ce n’est pas du tout de la propagande, ce ne sont pas les médias russes ni les intox sur les réseaux sociaux, mais les publications tchèques qui ont commencé ce travail depuis longtemps. Dans l’espace médiatique, un grand nombre de publications confirment le potentiel scientifique élevé de la Tchéquie dans le domaine des recherches et des élaborations chimiques. Il faut en tenir compte.
Nous avons observé dans les médias américains de nouveaux articles et déclarations sur les circonstances de la mort de l’ex-Ministre russe Mikhaïl Lessine à Washington le 5 novembre 2015. Ces publications, qui sont de nouvelles spéculations, nous laissent perplexes.
On insinue de nouveau qu’il aurait été assassiné et qu’il y aurait une “trace russe” derrière tout cela. Sachant que ces insinuations s’appuient sur les déclarations du fameux expert britannique Christopher Steele qui avait rédigé un certain dossier sur le Président américain Donald Trump.
Le fait que Christopher Steele soit un ancien agent du renseignement britannique rend la situation encore plus intéressante, remarquable et curieuse. Les compétences des services britanniques dans l’organisation de provocations sont bien connues. Il y a des séries à ce sujet, ainsi que des films sur James Bond – qui se sont transformés en “Austin Powers”. Faire quelque chose pour faire porter le chapeau aux autres: c’est leur style.
Selon les résultats officiels de l’enquête menée aux USA, la mort de Mikhaïl Lessine a été causé par un accident. Les dossiers de l’affaire sont confidentiels, c’est pourquoi nous n’avons pas le droit de les divulguer. Mais si les forces de l’ordre américaines ont obtenu de nouvelles informations, il nous semble qu’elles devraient avant tout en informer les autorités russes, car il est question d’un citoyen russe. Je voudrais dire qu’à l’heure actuelle personne ne s’est adressé à la Russie à ce sujet.
La Russie mène un travail actif afin de renforcer les tendances positives dans l’évolution de la situation sur la péninsule coréenne et autour. On examine notamment la question de l’organisation de plusieurs réunions avec les représentants des pays concernés à Moscou prochainement. Nous vous informerons plus en détail par la suite, en accord avec les partenaires.
Nous sommes préoccupés par la militarisation progressive de la Pologne, comme l’a récemment confirmé la signature d’un contrat pour la fourniture de systèmes américains de défense antiaérienne/antimissile Patriot. Varsovie augmente ses dépenses pour la défense, s’efforce de moderniser les forces armées nationales sur le plan militaro-technique, réforme le système de gestion des forces et augmente leurs effectifs. Le gouvernement du pays cherche à accroître les forces et les moyens des alliés de l’Otan sur le territoire polonais. La mise en œuvre des plans américains de créer une base antimissile au nord de la Pologne se poursuit.
Nous considérons ces démarches comme un élément de déstabilisation de la situation militaro-politique en Europe et une menace pour la sécurité nationale de la Russie. Dans le même temps, nous constatons que les ressources russes en matière de défense sont suffisantes pour garantir l’intouchabilité de nos frontières ouest et protéger notre territoire.
Le 24 mars à Belgrade se sont déroulées les commémorations en hommage aux victimes de l’agression de l’Otan contre la République fédérale de Yougoslavie. Il y a 19 ans, en contournant le Conseil de sécurité des Nations unies, en violant le droit international et toutes les normes morales possibles et imaginables, l’Otan a commis pendant 78 jours des bombardements barbares contres des villes serbes dans lesquels plus de 2 000 innocents ont été tués, dont plus de 400 enfants – l’Occident parle de “dommages collatéraux”.
Presque 20 ans plus tard, malheureusement, les méthodes de nos collègues occidentaux n’ont pas changé. Voilà en ce qui concerne la question de l’expert de l’Institut Carnegie: “Est-ce que tout le monde est idiot?” C’est la citation d’un homme qui a tenu un discours à la radio financée par l’argent américain. A l’époque, le monde entier jouait à ce “jeu sanglant”. C’étaient des manipulations propagandistes des USA et de leurs alliés européens. Malheureusement, nous constatons de telles approches aujourd’hui également. J’en ai beaucoup parlé aujourd’hui. Cette situation pousse à songer à toute l’histoire de Salisbury concernant la prétendue “attaque chimique”, les dessins “sur les genoux”.
Suite à l’interception du bateau de pêche russe “Nord” avec ses 10 membres d’équipage le 25 mars par les garde-frontières ukrainiens en mer d’Azov, nous jugeons nécessaire de déclarer ce qui suit.
Il s’agit manifestement d’une nouvelle provocation des autorités ukrainiennes à l’égard des citoyens russes. Les garde-frontières ukrainiens ont agi vis-à-vis de l’équipage du bateau comme s’il s’agissait de pirates somaliens.
L’équipage du navire possédait tous les documents nécessaires pour pêcher dans les eaux de la mer d’Azov et le faisait en stricte conformité avec les règles de pêche en vigueur.
Nous considérons l’action de Kiev comme une tentative de se venger contre les habitants de la Crimée pour leur choix au profit du retour au sein de la Russie fait en toute conscience en mars 2014.
Nous exigeons la libération immédiate des membres d’équipage et le retour du bateau “Nord” à son propriétaire légal.
Nous appelons les autorités ukrainiennes à s’abstenir de telles actions illégales à l’avenir et à respecter rigoureusement leurs engagements internationaux.
Nous avons appris récemment que Kiev avait l’intention de durcir à nouveau les règles migratoires pour les étrangers, avant tout pour les citoyens russes. Il s’agirait d’instaurer un mécanisme de vérification des raisons d’entrer en Ukraine par le biais d’une notification préalable en ligne.
Nous considérons cette initiative de Kiev comme un nouveau pas vers l’érection de barrières artificielles entre nos pays et peuples. Les autorités de Kiev ne savent plus quoi faire d’autre pour empêcher les Russes et les Ukrainiens d’entretenir sans obstacle des relations parentales, amicales et des contacts d’affaires.
Nous espérons que ces tentatives d’empêcher une communication normale entre les peuples de nos pays échoueront.
Le 22 mars à Vienne s’est déroulée une activité à l’occasion du 75e anniversaire, célébré en octobre prochain, de la révolte des prisonniers du camp d’extermination nazi de Sobibor sous la direction d’Alexandre Petcherski. Elle a été organisée par la Fondation Petcherski et par l’Institut d’enseignement du Parti de la liberté d’Autriche.
A cette commémoration ont participé l’arrière-petite-fille d’Alexandre Petcherski, des personnalités politiques russes, autrichiennes et israéliennes, des représentants publics, des médias et des compatriotes.
Nous pensons que de telles activités envoient un message important: elles aident à préserver une mémoire objective du passé, de la tragédie du peuple juif, de la contribution de l’Armée rouge pour mettre un terme aux “usines de la mort” – les camps d’extermination hitlériens où des gens de différentes nationalités ont péri.
Il est particulièrement important de préserver cette mémoire aujourd’hui, quand certains pays entreprennent des tentatives pseudo-historiques de réviser les causes et le bilan de la Seconde Guerre mondiale, et détruisent des monuments érigés en hommage à ceux qui ont donné leur vie au nom de la Victoire sur le nazisme.
Réponses aux questions:
Question: Bien que la Turquie soit membre de l’Otan, elle a refusé d’adopter des sanctions contre la Russie concernant l’affaire Skripal. Comment la Russie évalue-t-elle la position d’Ankara?
Réponse: Nous comprenons quelle pression colossale a été exercée par Londres et Washington sur leurs alliés. Nous n’en doutons plus: il s’agit d’actions synchronisées. Étrangement, ils utilisent constamment le terme “partenaire de l’UE et de l’Otan”. Les USA ne font pas en réalité partie de l’UE, mais ils le disent tout le temps. Nous comprenons quelle pression inhumaine ils ont exercé sur leurs partenaires en s’appuyant sur le principe de solidarité et sur la mise en œuvre d’une politique étrangère unifiée. Nous comprenons également que Londres et Washington tirent profit de la provocation et de l’expulsion des diplomates russes. Regardez le nombre de diplomates expulsés par ces pays: il s’agit respectivement de 23 et de 60 personnes. Qui plus est, les États-Unis ont encore fermé un Consulat général russe sur leur territoire. Peut-on réellement parler d’un élan spontané de solidarité si l’on parle d’événements d’une telle envergure? Évidemment non. A notre avis, les pays qui ont malheureusement cédé ou cèdent à ces pressions, commettent une erreur grave.
Aujourd’hui j’ai déjà cité plusieurs cas en exemple, quand certains pays ont cédé aux pressions politiques, financières ou d’un autre genre et ont commis ces erreurs avant de les regretter plus tard. Vous pouvez consulter ces informations dans les mémoires et les recueils de documents correspondants. Tout le monde regrette les événements en Irak et en Serbie. Tout le monde a honte de ces faits, et notamment d’avoir participé à ces campagnes. A notre avis, les pays qui sont restés hors de ces actions font preuve d’une approche responsable non seulement de leurs relations bilatérales avec la Russie, mais aussi et surtout du droit international. Demain, n’importe quel État pourrait faire l’objet de la même agression politique et d’information ou de provocations. On pourra accuser n’importe quel pays d’un crime, sans verdict d’un tribunal, sans enquête et sans preuves. Il faut noter encore une fois qu’il s’agit de la responsabilité et d’un comportement responsable de chaque État concret.
Question: Que pensez-vous de la déclaration de la Ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland sur la décision de renvoyer les diplomates russes? Chrystia Freeland a affirmé que l’affaire Skripal concernait non seulement les Skripal, mais aussi un large éventail d’actions inacceptables de la Russie, notamment en Syrie, en Crimée ou en Ukraine.
Réponse: Cette question a été posée par tous les ambassadeurs russes lorsqu’ils ont été convoqués par les ministères des Affaires étrangères des pays où ils étaient accrédités pour se voir présenter la liste des diplomates russes renvoyés ou être informés de la décision en ce sens. Tous les ambassadeurs russes ont demandé quelles étaient les raisons de cette décision. Je vais répondre. Il existe une notion de solidarité dans le cadre de l’UE et de l’Otan. Un sommet de l’UE vient de se dérouler. Il a accordé une attention particulière à Sergueï Skripal mais n’a pas évoqué Nadejda Savtchenko. Les participants ont perdu énormément de temps sans pour autant formuler une explication commune à l’expulsion des diplomates russes. Chaque pays a inventé ses propres motifs. Initialement, on a souligné qu’il s’agissait d’un signe de solidarité. Concernant les accusations contre la Russie, nous n’avons entendu aucune réponse raisonnable. Nous n’avons constaté que des explications du type “il nous semble qu’il existe une possibilité d’implication russe”. C’est la position de certains pays. D’autres ont refusé de commenter la situation et indiqué qu’il s’agissait tout simplement de solidarité. A la question de savoir s’il y avait des prétentions éventuelles envers les personnes expulsées, les positions affichées étaient très différentes. Nous avons constaté ces divergences non seulement au sein des blocs de pays – ce qui est plus ou moins explicable – mais aussi parmi les organismes nationaux que nous avons contactés dans tel ou tel pays. Ainsi, on disait à l’ambassadeur qu’il s’agissait uniquement d’un acte de solidarité, pour ensuite annoncer à la télévision qu’on avait mis à jour un réseau russe d’espionnage. Il faut donc définir si vous avez démasqué un réseau d’espionnage, fait un acte de solidarité ou si tout cela n’a en réalité aucune importance, car l’essentiel est de trouver d’urgence 8 ou 12 images (il n’est pas vraiment important que leur nombre et leur nom ont changé depuis deux semaines) et de faire quelque chose le plus rapidement possible. Sans faire trop attention aux détails.
La première chose que nous avons faite est de nous tourner vers ces instruments. Nous voulons que la Russie soit impliquée dans le règlement de cette situation et dans l’enquête sur le dossier actuel. Dire comment nous prendrions ce qui pourrait être fait relève du domaine de l’hypothétique. Nous parlons de ce qui est concret. Il y a des articles de la Convention: appliquons-les. Il y a des experts russes qui peuvent commencer à travailler exactement de la même manière que les experts britanniques et les experts de l’OIAC. Quel est le problème? Pourquoi l’empêche-t-on? Vous comprenez? Moi pas. Nous ne comprenons pas du tout. C’est ça le problème. Nous ne constatons non seulement aucune volonté de coopérer, mais même aucune aspiration à accepter une coopération équitable et s’appuyant sur une base légale au niveau de l’OIAC.
Sommes-nous désormais en train de jouer au poker? Parlons-nous d’un jeu de cartes? Quelle carte tombera? Parlons-nous de ça ou de choses sérieuses? Ce n’est pas la peine de rouler des yeux et dire que vous l’avez déjà entendu. Nous l’avons entendu aussi, sauf que nous n’avons reçu aucune information à ce sujet. Et vous demandez si nous accepterons les résultats. Quels résultats? Obtenus sur quelle base? Savez-vous qui a été examiné? Et a-t-il été examiné? J’explique. Le fait est qu’il s’agit de citoyens russes. La Fédération de Russie peut attester leur identité. Qui a été présenté (s’ils ont été présentés) aux experts de l’OIAC? Pouvez-vous expliquer? Quels documents ont été montrés? Qui a été présenté et ont-ils été présentés? Vous le savez? Vous avez des informations? Nous n’avons rien.
Comment les experts d’une organisation internationale peuvent dire qui se trouve devant eux si, selon les fuites de la presse et la déclaration partielle de Theresa May, ces individus sont inconscients, ne peuvent pas parler et que leur état de santé “ne sera plus jamais comme avant”. Par conséquent, ces gens ne peuvent pas dire qui ils sont, ils ne peuvent pas s’expliquer et montrer des documents. Qui a été présenté aux experts de l’OIAC si un tel contact a eu lieu? C’est un jeu à l’aveugle. Vous demandez si nous accepterons les résultats dans cette tricherie absolue? Commençons d’abord un dialogue officiel.
Une question en retour: pourquoi n’acceptez-vous pas la déclaration des autorités russes affirmant que la Russie n’a rien à voir dans tout cela tout et veut seulement obtenir des informations? Soit c’est un jeu “comme toujours”, “à la-Irak”, soit une discussion sérieuse. C’est la même chose que si, à l’époque, quelqu’un était venu voir Colin Powell pour lui demander l’éprouvette. S’il l’avait donné, il n’y aurait pas eu cette guerre de dix ans et des centaines de morts. Mais tout le monde y a cru. Et vous demandez si nous allons y croire. A quoi? Aux éprouvettes? Commençons par l’élémentaire pour fixer la question de confiance. Commençons par la formule, par présenter le nom de la substance et son échantillon. Qu’y a-t-il de compliqué à cela? Avec les technologies actuelles, qu’y a-t-il de compliqué à transmettre à la Russie un échantillon de la substance?
Posez la question autrement: pourquoi le Royaume-Uni refuse-t-il de coopérer avec les autorités russes? Pourquoi? Personne ne connaît la réponse à cette question. On suppose seulement que cela fait partie du plan – simplement ne pas communiquer. Sans communiquer, on n’est pas obligé de présenter quoi que ce soit. On ne communique pas. Que devons-nous croire? Croire aux photos, à l’échantillon? Que doit-on avoir à l’issue? Une décision, une déclaration? De quoi? La comparaison du produit avec quelque chose? Que doivent confirmer à l’heure actuelle les représentants de l’OIAC? La similitude de la substance avec quoi? Avec une gamme d’autres produits qui se trouvent où? A partir des informations publiées ces trois dernières semaines, un produit de cette gamme peut déjà être fabriqué par un laboratoire moyen. Toutes les technologies sont publiées. S’il y a des informations, des documents sur la manière dont tout s’est passé – comment il a été importé, comment il est apparu – donnez au moins ça. Que devons-nous croire? Cette éprouvette montrée éternellement à bras tendu sous laquelle nous sommes tout le temps forcés de signer?
Nous avons parlé du Boeing malaisien. C’est une comparaison très forte. La situation est similaire. Ils ont immédiatement accusé puis nous les avons suppliés de ramasser tous les débris. On nous disait que suffisamment de débris avaient été ramassés. Nous avons indiqué qu’il en restait mais ils répondaient que cela leur suffisait, qu’ils n’en avaient pas besoin de plus.
Et une fois de plus, nous sommes accusés sans avoir accès à l’enquête. Qu’est-ce que c’est? La Malaisie n’avait pas non plus été admise au début, au cas où des questions se poseraient. Elle a été admise quelques mois plus tard. Devons-nous tout le temps croire le “bras tendu avec une éprouvette”? Nous avons déjà vu ce qui s’était passé quand le monde entier y a cru. Nous ne voulons plus croire. Nous voulons croire les preuves, plus exactement ne pas croire mais les analyser, nous voulons voir les informations, les données, la position officielle. Pour l’instant nous voyons un spectacle, une provocation et des déclarations politiques. Qui plus est, vous voyez la même chose. La seule chose qu’ils ont obtenu pour l’instant, c’est cette présentation. Rien d’autre n’a été montré. Six images, titre compris.
Question: Est-ce que la Russie lance actuellement des frappes aériennes dans la zone de désescalade à Idleb?
Réponse: Il faut adresser votre question au Ministère de la Défense.
Question: Vous avez dit qu’on envisageait d’organiser un certain nombre de rencontres avec les parties prenantes au sujet de la péninsule coréenne. Est-ce qu’une visite du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho à Moscou est prévue? Connaît-on déjà la date approximative de ce déplacement et les questions qui seront évoquées?
Réponse: On ne peut pas exclure de tels contacts. Nous allons bien sûr confirmer les dates, les formats et le niveau. Pour l’instant tout est en cours d’élaboration, mais on peut dire qu’il s’agit aussi d’un avenir proche.
Question: Cette semaine, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi devait se rendre à Moscou mais sa visite a été reportée. Pouvez-vous expliquer pourquoi? Connaît-on la nouvelle date de la visite?
Réponse: Les raisons sont évidentes. Nous l’avons écrit: il s’agit de changements de calendrier des dirigeants russes dus au deuil national déclaré dans notre pays. C’est la seule raison. Nous l’avons annoncé et nous avons tout de suite publié un commentaire à ce sujet sur notre site. Nous sommes reconnaissants à nos partenaires chinois qui ont accueilli la décision de reporter la visite avec beaucoup de compréhension et ont exprimé leurs condoléances à la partie russe à tous les niveaux.
Question: L’ambassadeur américain en Russie Jon Huntsman n’a pas exclu la possibilité d’une saisie des actifs et des biens russes aux États-Unis en rapport avec l’empoisonnement de Sergueï Skripal. Comment la Russie est-elle prête à réagir? Saisirait-elle un tribunal si cela se produisait?
Réponse: Si cela se produisait, la situation serait analysée et une réaction appropriée suivrait. Franchement, je ne peux pas parler hypothétiquement de choses qui pourraient se produire.
Question: Tout d’abord, je voudrais exprimer mes sincères condoléances suite à la tragédie de Kemerovo. Comme on le sait, le président de la Commission des affaires de l’État de la Corée du Nord Kim Jong-un s’est rendu en République populaire de Chine du 25 au 28 mars. Comment évaluez-vous cet événement historique?
Réponse: Nous considérons tous les contacts entre les pays qui se déroulent sur la base de l’égalité et des intérêts mutuels comme un élément important des relations internationales. Nous pensons que toute activité dans la région susceptible d’atténuer les tensions sur la péninsule coréenne doit être saluée. Donc si cette visite portait entre autres cette dimension-là, on ne peut que la saluer, tout comme le fait même de la rencontre.
Bien évidemment, les visites et les échanges de délégations à tous les niveaux sont une prérogative exclusive des États souverains. Normalement, nous respectons la pratique diplomatique et ne les commentons pas puisque, je le répète, il s’agit d’États souverains. Mais dans ce cas de figure, nous considérons qu’une telle activité et la tenue d’événements au plus haut niveau pourraient contribuer au développement des relations bilatérales, mais aussi apporter un élément de plus dans le règlement de la situation sur la péninsule coréenne.
Question: Les diplomates russes expulsés des États-Unis et de Grande-Bretagne sont présentés comme des agents des services spéciaux. Dans quelle mesure ces formulations sont-elles correctes et que visent-elles?
Certaines publications occidentales, notamment de Bloomberg, présentent les événements à Kemerovo de manière assez provocatrice et ambiguë. À votre avis, ne s’agit-il pas d’une tentative de nos partenaires occidentaux d’instrumentaliser la situation à Kemerovo pour faire basculer la situation à l’intérieur de la Russie?
Réponse: Concernant la première question, à savoir à quoi sert l’expulsion de diplomates, j’en ai déjà assez parlé aujourd’hui. Ces personnes étaient accréditées auprès de différents États en tant que personnel diplomatique et jouissaient de l’immunité diplomatique. Je ne sais pas vraiment quoi dire d’autre à ce sujet.
Question: Le fait est qu’en le faisant, on les qualifie d’agents des services spéciaux.