Adresse du Prédisent Vladimir Poutine à l’Assemblée Fédérale – 12 Décembre 2013
Dans cet extrait, Vladimir Poutine dénonce l’impérialisme militaire et culturel américain et occidental, qui n’engendre que le chaos et la régression morale. Opposé à tout type d’hégémonisme, il réaffirme la position de la Russie en faveur d’un monde multipolaire régi par le droit international et attaché aux valeurs traditionnelles.

Texte original (russe) : http://www.kremlin.ru/transcripts/19825
Traduction (anglais) : http://eng.kremlin.ru/news/6402
Traduction française & vidéo : http://www.sayed7asan.blogspot.fr   
Retranscription : 

Chers collègues,

Le développement mondial se fait de plus en plus dynamique et controversé. Cela implique une plus grande responsabilité historiquepour la Russie, non seulement en tant qu’élément clé de la stabilité mondiale et régionale, mais aussi en tant que nation qui défend toujours ses valeurs et ses principes, à la fois sur le plan national et international.
La concurrence militaire, politique, économique et médiatique est à la haussedans le monde entier au lieu de reculer. Tandis que la Russie se renforce, d’autrespuissances mondiales l’observent de près.
Nous avons toujours été fiers de notre pays. Mais nous n’avons pas d’aspirations à devenir une superpuissance, ce qui s’entend comme la prétention à la domination mondiale ou régionale. Nous n’intervenons pas dans les affaires de qui que ce soit, nous n’imposons pas notre tutelle, et nous ne faisons pas la leçon aux autres sur la manière dont ils doivent vivre. Mais nous nous efforcerons d’être des leaders en défendant le droit international, en faisant en sorte que la souveraineté nationale, l’indépendance et l’identité soient respectées. Il s’agit d’une approche naturelle pour un pays comme la Russie, avec la grandeur de son histoire et de sa culture, et sa vaste expérience en ce qui concerne la coexistence de différentes ethnies qui vivent en harmonie, côte à côte, dans un même Etat, ce qui est très différent d’une prétendue tolérance déniant l’identité sexuelle et stérile. [Applaudissements]
Aujourd’hui, de nombreux pays révisent leurs normes morales, effaçant leurs traditions nationales et les frontières entre les différentes ethnies et cultures. On demande à la société non seulement de respecter le droit de chacun à la liberté de pensée, aux opinions politiques et à la vie privée, mais on leur impose également de faire une équivalence entre le bien et le mal, ce qui est étrange, parce que ce sont des concepts opposés. Non seulement une telle destruction des valeurs traditionnelles a-t-elle des effets négatifs sur les sociétés, mais elle est aussi foncièrement anti-démocratique, parce que ce sont des idées abstraites appliquées à la vie réelle en dépit de ce que la majorité des gens pensent. La plupart des gens n’acceptent pas ces changements et ces propositions de révision des valeurs.
Et nous savons que de plus en plus de gens dans le monde soutiennent notre approche qui vise à assurer la protection des valeurs traditionnelles, qui ont constitué depuis des millénaires le fondement spirituel et moral de notre civilisation et de toutes les nations : les valeurs de la famille traditionnelle, de la vie humaine authentique, y compris de la vie religieuse des individus, pas seulement les valeurs matérielles mais aussi les valeurs spirituelles de l’humanité et de la diversité du monde. [Applaudissements]
Bien sûr, il s’agit d’une position conservatrice. Mais comme l’a dit Nicolas Berdiaev, le sens du conservatisme n’est pas d’empêcher le déplacement vers l’avant et vers le haut, mais d’empêcher le déplacement vers l’arrière et vers le bas, vers l’obscurité chaotique et le retour à l’état primitif. [Applaudissements]
Nous avons vu au cours des dernières annéescomment les tentatives d’imposer à ​​d’autres pays un modèle de développement présumé plus progressiste ont conduit, en réalité, à la régression, à la barbarie et à l’effusion massive de sang. Cela s’est passé dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.Ces événements dramatiques ont eu lieu en Syrie.

La communauté internationale a dû faire un choix historique dans lecas de la Syrie : il s’agissait soit de continuer à saperles fondements de l’ordre mondial, et de marcher vers le règne de la force, de la loi de la jungle, et du chaos croissant, soit deprendre collectivement des décisions responsables.

Je considère que dans cette situation, nous avons réussi à faire en sorte que le choix se fasse sur la base des principes fondamentaux du droit international, du bon sens et de la logique de la paix. Au moins pour l’instant, nous avons été en mesure d’éviter l’invasion militaireen Syrie et la propagation du conflit au-delà de la région.
La Russie a joué un rôle majeur dans ce processus. Nos actions furent fermes, mûrement réfléchies et équilibrées. Nous n’avons pas compromis nos propresintérêts et notre sécurité ou la stabilité mondiale, à aucun moment. À monavis, c’est la façon dont un pouvoir mature et responsable devrait agir.
[…]
L’analyse du Saqr
Comme toujours, dans son Discours présidentiel à l’Assemblée fédérale, Poutinea abordé de nombreux sujets, y compris la Constitution russe, la lente mise en œuvre des décrets présidentiels, la santé, les questions sociales, le budget, l’arméeet d’autres questions. Pourtant, je crois que la partie la plus importante de son discoursest celle-ci (je souligne) :
Nous avons toujours été fiers de notre pays. Mais nous n’avons pas d’aspirations à devenir une superpuissance, ce qui s’entend comme la prétention à la domination mondiale ou régionale. Nous n’intervenons pas dans les affaires de qui que ce soit, nous n’imposons pas notre tutelle, et nous ne faisons pas la leçon aux autres sur la manière dont ils doivent vivre. Mais nous nous efforcerons d’être des leaders en défendant le droit international, en faisant en sorte que la souveraineté nationale, l’indépendance et l’identité soient respectées. Il s’agit d’une approche naturelle pour un pays comme la Russie, avec la grandeur de son histoire et de sa culture, et sa vaste expérience en ce qui concerne la coexistence de différentes ethnies qui vivent en harmonie, côte à côte, dans un même Etat, ce qui est très différent d’une prétendue tolérance déniant l’identité sexuelle et stérile.
Aujourd’hui, de nombreux pays révisent leurs normes morales, effaçant leurs traditions nationales et les frontières entre les différentes ethnies et cultures. On demande à la société non seulement de respecter le droit de chacun à la liberté de pensée, aux opinions politiques et à la vie privée, mais on leur impose également de faire une équivalence entre le bien et le mal, ce qui est étrange, parce que ce sont des concepts opposés. Non seulement une telle destruction des valeurs traditionnelles a-t-elle des effets négatifs sur les sociétés, mais elle est aussi foncièrement anti-démocratique, parce que ce sont des idées abstraites appliquées à la vie réelle en dépit de ce que la majorité des gens pensent. La plupart des gens n’acceptent pas ces changements et ces propositions de révision des valeurs.
Et nous savons que de plus en plus de gens dans le monde soutiennent notre approche qui vise à assurer la protection des valeurs traditionnelles, qui ont constitué depuis des millénaires le fondement spirituel et moral de notre civilisation et de toutes les nations : les valeurs de la famille traditionnelle, de la vie humaine authentique, y compris de la vie religieuse des individus, pas seulement les valeurs matérielles mais aussi les valeurs spirituelles de l’humanité et de la diversité du monde.
Bien sûr, il s’agit d’une position conservatrice. Mais comme l’a dit Nicolas Berdiaev, le sens du conservatisme n’est pas d’empêcher le déplacement vers l’avant et vers le haut, mais d’empêcher le déplacement vers l’arrière et vers le bas, vers l’obscurité chaotique et le retour à l’état primitif.
   
Venant d’un chef d’Etat, ce sont là, je crois, des propos extraordinaires parce qu’ils constituent un défi ouvertet direct à l’idéologie dominante de l’Empire Anglo-Sioniste.

Le premier point est évident : alors que l’Empire Anglo-Sioniste fait de l’usage de la force ou de la menace du recours à la forcela pierre angulaire de ses politiques internationales, la Russie de Poutine est catégoriquementopposée à cela. Et ce n’est certainement pas dû à la faiblesse relative de l’armée russe comme certains l’ont suggéré. L’armée russe a considérablement changé depuis la dernière décennie, et elle a pleinement retrouvé sa place de 2e armée la pluspuissante de la planète, après les Etats-Unis. Et pourtant, la Russie a également pris la décision fondamentale etstratégique de renoncer à l’usage de la force militaire, sauf en cas de légitime défense ou de défense d’un allié attaqué.

Le deuxième point vise clairementune autre caractéristiqueclé de l’ordre social Anglo-Sioniste : alors que l’ordre social Anglo-Sioniste assure la domination de plusieurs minorités (les 1%, le lobby pro-israélien, le lobby pétrolier, Wall Street, les compagnies pharmaceutiques, etc.) sur la majorité, la Russie de Poutine rejette cela tout aussi catégoriquement etaffirme que dans une démocratie, le point de vue de la majorité doit prévaloir,et qu’alors que les droits de la minorité ne doivent pas être violés,la minorité doit se plier à la majorité.

Le troisième point peut être appelé un « conservatisme moral éclairé »: alors que l’empire Anglo-Sionisteest essentiellement « sans-valeurs », la Russie de Poutine veut délibérémentdéfendre les valeurs morales anciennes telles que la famille traditionnelle, la centralité des valeurs spirituelles et religieuses, l’affirmation claire que le « bien »et le « mal »existent, que les deux ne doivent pas être confondus et que le mal ne devrait jamais prévaloir sur le bien.

On pourrait dire que ceci est la versionrusse de la « Gauche du travail, Droite des valeurs » d’Alain Soral (ou « progressisme du travail et conservatisme des valeurs »). C’est à l’opposé des « valeurs » de l’ordre social Anglo-Sioniste dans lequel, en substance, on dit « pas touche àmon argent » (= la droite du travail) et« laissez-moi coucher avec qui je veux » (= gauchedes valeurs).

Pour autant que je sache, cela fait de Poutine le seul leader politique nonmusulman de la planète qui ose ouvertementrejeter le modèle civilisationnel Anglo-Sioniste et qui en propose unautre à la place : la non-violence, la règle de la majorité, le progressisme économique, la spiritualité conservatrice. Ceci est exactement le contraire du modèle de l’Empire Anglo-Sioniste : violence, domination de la minorité, économie réactionnaire, mœurs libertaires et laïques.

Tel est le véritable choc des civilisations qui se produit actuellement, principalement en Europe. Ce sont deux modèles fondamentalementincompatibles, deux ordres sociaux et politiquesmutuellement exclusifs qui se menacentpar leur existence même. Il n’est pas étonnant quePoutine soit tellement détesté par les élites occidentales et si populaireparmi les massesoccidentales (de plus en plus de gens appellent Poutinele « leader du monde libre », y compris en Occident), et cela bien que les Siomedias mainstream le diabolisent systématiquement.

Telle est également la véritable cause de la nouvelle guerre froide qui est soigneusement orchestrée par les élites occidentales. Telle est aussi la vraie raison de la participation sans précédent, et, franchement, ridicule,des élites occidentales aux événements en Ukraine.

Ce n’est certes pas la première foisque les élites occidentales considèrent que la Russie représente une menace civilisationnellepar sa simple existence. Au cours de la guerre de Crimée (1853-1856), le Cardinal Sibour, archevêque de Paris, avait déclaré que « C’est un acte sacré, un acte qui plaît à Dieu, que de conjurer l’hérésie Phoetienne [Orthodoxie], de l’asservir et la détruire avecune nouvelle croisade. Tel est l’objectif clair de la croisade d’aujourd’hui. Tel était le but de toutes les croisades, même sitous les participants n’en étaient pas pleinement conscients.La guerre que la France se prépare à mener contre la Russie n’est pas une guerre politique, mais une guerre sainte. Ce n’est pas uneguerre entre deuxgouvernements ou entredeux peuples, mais c’est précisément une guerre de religion, et les autres raisons présentées ne sont que des prétextes », tandis que le pape Pie X déclaraau cours de la Première Guerre mondiale : « Se vince la Russia, vince lo scisma » (si la Russie gagne, c’est le schisme quigagne).


D’abord, les élites occidentales ont déclaré une croisadecontre la Russie au nom de la papauté (Chevaliers Teutoniques), puis au nom de la franc-maçonnerie (Napoléon), puis de nouveau au nom de la papauté (Guerre de Crimée), puis au nom de l’impérialisme (Première Guerre mondiale), puis au nom de la supériorité raciale (Seconde Guerre mondiale), puis au nom de la démocratie et du capitalisme (Première Guerre Froide I). Et maintenant, la prochaine « Deuxième Guerre Froide » seramenée au nom de l’homosexualité et de la laïcité. Vraiment, Marx avait raison quand il a déclaré que « l’histoire se répète, la première fois commetragédie, la seconde comme farce. »

Le Saqr
Contact : 7asan.saleh [at] gmail.com