Discours de Vladimir Poutine sur le Nouvel ordre mondial, 24 octobre 2014
Réunion du Club International Valdaï : De nouvelles règles ou un jeu sans règles ?
Qui, des Etats-Unis ou de la Russie, interfère dans les élections d’autres pays, espionne ses ennemis et ses alliés (dont l’Elysée) et exerce menaces, pressions et chantage contre les uns et les autres ? Vladimir Poutine a déjà proposé une réponse, cautionnée par les révélations de Snowden.
Source : http://eng.news.kremlin.ru/news/23137
Traduction : http://www.sayed7asan.blogspot.fr
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Transcription :
[…] Nous sommes entrés dans une période de différentes interprétations et de silences délibérésdans la politique mondiale. Le droit international a maintes fois été forcéde battre en retraite, encore et encore, par l’assaut impitoyable du nihilisme légal. L’objectivité et la justice ont étésacrifiées sur l’autel de l’opportunisme politique. Des interprétations arbitraireset des évaluations biaisées ont remplacé les normes juridiques. Dans le même temps, l’emprise complète surles médias de masse mondiaux ont rendu possible,quand on le désirait, de présenter le blanc commenoir et le noircomme blanc.
Dans une situation où vous aviez la domination d’un pays et de ses alliés, ou plutôt de ses satellites, la recherche de solutions globales s’est souvent transformée en une tentative d’imposer ses propres recettes universelles. Les ambitions de ce groupe sont devenues si grandes qu’ils ont commencé à présenter lespolitiques qu’ils concoctaient dans leurs corridors du pouvoir comme le point de vue de l’ensemble de la communauté internationale. Mais cen’est pas le cas.
La notion même de « souveraineté nationale » est devenue une valeur relative pour la plupart des pays. En essence, ce qui était proposé était cette formule : plus la loyauté de tel ou tel régime en place envers le seul centre de pouvoir dans le monde est grande, plus grande sera sa légitimité.
Nous aurons une discussionlibre après mon propos et je serai heureux de répondre à vos questions et je tiens également à utiliser mon droit à vous poser des questions. Que personne n’hésite à essayer de réfuterles arguments que je viens d’exposer lors de la discussion à venir.
Les mesures prises contre ceux qui refusent de se soumettresont bien connues et ont été essayées et testées de nombreuses fois. Elles comprennent l’usage de la force, la pression économique et la propagande, l’ingérence dans les affaires intérieures, et les appels àune sorte de légitimité « supra-légale » lorsqu’ils ont besoin de justifier une intervention illégale dans tel ou tel conflit ou de renverser des régimes qui dérangent. Dernièrement, nousavons de plus en plus de preuves que le chantage pur et simple a également été utilisé en ce qui concerneun certain nombre de dirigeants. Ce n’est pas pour rien que « Big Brother » dépense des milliards dedollars pour tenir sous surveillance le monde entier, y compris sespropres alliés les plus proches.
Demandons-nous à quel point nous sommesà l’aise avec tout cela, à quel point nous sommes en sécurité, combien nous sommes heureux de vivre dans ce monde, à quel degré de justice et de rationalité il est parvenu. Peut-être n’avons-nous pas de véritables raisons de nous inquiéter, de discuter et deposer des questions embarrassantes ? Peut-être que la position exceptionnelle des États-Unis et la façon dont ils mènentleur leadership est vraiment une bénédiction pour nous tous, et que leur ingérencedans les événements du monde entierapporte la paix, la prospérité, le progrès, la croissance et la démocratie, et nous devrions peut-être seulement nous détendre et profiter de tout cela ?
Permettez-moi de dire que ce n’est pas le cas, absolument pas le cas.
Un diktat unilatéral et le fait d’imposer ses propres modèles aux autres produisent le résultat inverse. Au lieu de régler les conflits, cela conduit à leur escalade ; à la place d’États souverains et stables, nous voyons la propagation croissante du chaos ; et à la place de la démocratie, il y a un soutien pourun public très douteuxallant de néo-fascistes avoués à des islamistes radicaux.
Pourquoi soutiennent-ils de tels individus ? Ils le font parce qu’ils décident de les utiliser comme instruments dans la voie de la réalisation de leurs objectifs, maisensuite, ils se brûlent les doigtset font marche arrière. Je ne cesse jamais d’être étonné par la façon dont nos partenaires ne cessent de marcher sur le même râteau, comme on dit ici en Russie, c’est-à-dire de faire les mêmes erreurs encore et encore.
Ils ont jadis parrainé des mouvements islamistes extrémistes pour combattre l’Union soviétique. Ces groupes se sont formés au combat et aguerris en Afghanistan,et ont plus tard donné naissance aux Talibans et à Al–Qaïda. L’Occident les a sinon soutenus, du moins a fermé les yeux sur cela, et, je dirais, a fourni des informations et un soutien politique et financierà l’invasion de la Russie et des pays de la région d’Asie centrale par les terroristes internationaux (nous ne l’avons pas oublié). C’est seulement après que des attaques terroristes horribles aient été commises sur le sol américain lui-même que les États-Unis ont pris conscience de la menace collective du terrorisme. […]